L’Allemagne a corrigé ses prévisions de croissance à la hausse avec une croissance anticipée à 1% pour 2012, alors que la France les corrige à la baisse, avec une stagnation voire une chute du PIB pour le 2e trimestre.
Par Thibault Doidy de Kerguelen.
- La Bundesbank a corrigé ses prévisions … à la hausse,
- La Banque de France a corrigé ses prévisions… à la baisse.
La Bundesbank table désormais sur une progression du produit intérieur brut de 1,0%, contre une hausse de 0,6% estimée en début d’année. Ce qui est particulièrement intéressant dans cette correction, c’est sa motivation. La Banque centrale allemande explique que la demande intérieure devrait largement compenser le ralentissement des échanges avec les pays en difficulté de la zone euro. C’est particulièrement intéressant, parce que les milieux proches du gouvernement en France n’arrêtaient pas de nous répéter que l’Allemagne n’allait pas si bien, que l’Allemagne serait obligée d’assouplir sa position car elle était dépendante de ses ventes dans les pays de la zone Euro, que l’Allemagne ne connaissait une compétitivité que grâce à un modèle social qui limitait la consommation intérieure, etc etc…
Certes, les exportations de l’Allemagne ont reculé de 12% en un an, ce qui est considérable, mais, d’une part, elle continue toujours à générer un excédent commercial de 16,1Md €, et, d’autre part, elle ne cesse de s’ouvrir des marchés hors UE (Russie), elle accroit son emprise économique en même temps que politique et culturel sur les pays d’Europe centrale et les pays baltes. En outre, visiblement, elle compense avec son marché intérieur.
Bien évidemment, la Bundesbank précise que ces prévisions peuvent être mises en péril si la situation économique venait à se dégrader… hors zone Euro (ce qui me laisse penser que la dégradation de la situation à l’intérieur de la zone euro est actée dans les prévisions, donc jugée comme inévitable…).
Dernier point intéressant : l’inflation. La Bundesbank estime que l’inflation sera cette année aux alentours de 2,1% en Allemagne, mais que dès l’an prochain, elle devrait se réduire à 1,6%. Voyons, voyons, une économie qui continue de croître et prospérer, une consommation intérieure qui augmente au point de compenser le ralentissement des échanges avec les autres pays de la zone euro et une inflation qui se stabilise voire qui régresse, est-ce compatible selon vous avec des pays de la même zone monétaire qui s’écroulent et ne peuvent tenir que par l’émission de quantité toujours plus importantes de monnaie ? Je ne vois pour ma part qu’une alternative : soit la zone Euro reste ce qu’elle est et le Président Hollande peut oublier ses eurobonds et ses aides massives aux pays en difficulté (ce qui implique une très grave dépression dans les pays d’Europe du sud), soit les Allemands n’envisagent pas de faire partie de la même zone monétaire que les pays sus cités l’année prochaine…
Et la France ?
La Banque de France (BdF), elle aussi, a révisé vendredi sa prévision de croissance de l’économie française au deuxième trimestre. À la baisse. Elle s’attend à un recul du Produit intérieur brut de 0,1%, alors qu’elle tablait jusque-là sur une stagnation, comme au premier trimestre.
Jouant sur le fait que l’INSEE table pour sa part sur un léger rebond de 0,2%, François Hollande a commenté, dans un discours prononcé au forum du club « France Rio+20″ le 8 juin, ainsi cette information: « Nous avons aujourd’hui un grand débat pour savoir si nous allons faire 0,1% ou 0,2% (note de l’auteur : M. Hollande commet une « erreur ». Le débat porte sur le fait de savoir si nous ferons -0,1% ou +0,2% et non pas +0,1% ou +0,2%) pour le deuxième trimestre de cette année, il est à craindre que nous fassions d’ailleurs assez peu. » Du grand politique, la même phrase réunissant tout et son contraire, merci au lecteur qui aura cerné la pensée du chef de l’État de bien vouloir nous la transmettre…
En fait, le gouvernement table sur une croissance d’au moins 0,5% sur l’ensemble de 2012 pour espérer pouvoir respecter ses engagements de réduction des déficits. Avec un premier trimestre en stagnation et un second en récession, la chose serait irrémédiablement compromise et entraînerait dès lors des mesures drastiques de réduction de dépenses. À quelques jours des élections législatives, « courage fuyons » et oublions cette hypothèse, il sera bien temps de réagir si d’aventure elle se confirmait. L’année prochaine ? Oh, c’est trop loin pour la prudente Banque de France, par contre, le gouvernement, lui, n’a peur de rien et affiche résolument un optimiste + 1,7% ! Mais qui se souviendra alors de cette prévision ?
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