Le rapport de la Commission européenne a été plutôt sévère à l’égard des « pays du Sud », y compris la France. La promesse de réduire les déficits budgétaires ne semble pas devoir être tenue, compte tenu des prévisions de croissance économique d’une part, et de l’évolution des dépenses publiques d’autre part.
Article publié en collaboration avec l’Aleps.
Le calendrier sur lequel la France s’est engagée vis-à-vis de l’Union est la limitation du déficit à 3 % en 2013, et le retour à l’équilibre en 2016. L’affaire est mal partie aux yeux de la Commission : si le déficit s’est situé à 4,4 % pour 2011, il sera vraisemblablement de 4,5 % en 2012, et à 4,2 % en 2013 dans la meilleure des hypothèses de croissance. Or, celle-ci ne serait pas supérieure à 0,5 % en 2012 alors que le budget est bâti sur un chiffre révisé autour de 1,2 %. En 2013 la croissance pourrait être autour de 1,3 % (si la conjoncture européenne ne se dégrade pas). La Commission souligne deux causes principales de la situation française : sa perte de compétitivité (c’est, avec la Grèce, le pays dont la compétitivité a le plus diminué et nos exportations sont en baisse de près de 20 % en cinq ans), et le niveau très élevé des dépenses publiques.
Sur ce dernier point, le pessimisme de la Commission rejoint celui de la Cour des Comptes, qui vient de remettre son rapport pour 2011. Tout en admettant qu’il a été fait « un effort méritoire qui n’a guère de précédent », la Cour relève le dérapage de la masse salariale et des retraites de la fonction publique, et les dépenses d’intervention. Sage conseil du Président Didier Migaud : « Il faut agir davantage sur les dépenses que sur les recettes, compte tenu de notre niveau de prélèvements obligatoires ».
On voit mal comment le nouveau pouvoir va agir sur les dépenses, sinon pour les augmenter. De la sorte, la France va s’enfoncer un peu plus dans les déficits et la dette. La Commission de Bruxelles demande « un effort supplémentaire » : « Il est nécessaire que la hausse de la dépense publique reste inférieure à celle de la croissance prévue », a conclu Jose Manuel Barroso. En tous cas, la perspective de renégocier le pacte budgétaire européen : la promesse de François Hollande est déjà caduque. Il est vrai que l’on peut reconduire le pacte quand on prend la bonne habitude de ne pas le respecter. Mais Bruxelles ne semble pas dupe…
—