© LAT / Williams
Montréal, Canada. Circuit Gilles Villeneuve. Un circuit ou il fait bon vivre, et adulé par les fans de la F1. Des qualifications intenses, seulement ponctuées par l’éjection du pilote Toro Rosso Jean Eric Vergne lors de Q1. Senna, Ayrton, lui se classera à une honnête dixième place, ayant préféré ne pas utiliser de pneus super softs de suite. Q2 fut plus intéressante, on y vit des Lotus complètement amorphes avec un Kimi Räikkönen qui semblait fondre tel un iceberg posé au milieu du désert saharien. Romain Grosjean, lui, a la force ultime du poignet, arrivera à arracher sa qualif pour la superpôle, au volant d’une Lotus semblant prise de bronchopneumopathie obstructive. Etonnant.
Le quadruple champion brésilien, lui, continue son bonhomme de chemin, toujours avec les pneumatiques Pirelli à bande jaune, les plus « durs » apportés ici. Son mécanicien rigole, il entend Ayrton déclamer une phrase de Nietzsche, les yeux fermés, seul dans sa tête, dans sa monoplace, dans son stand. Il se concentre, il n’entend plus le bruit des outils métalliques, qui tombent au sol, il n’entend plus les vrombissements de moteurs, il n’entend plus le bruit des pistolets pneumatiques, il ne sent plus rien, il est en communion avec Dieu. Il vient de se qualifier avec le troisième temps. Il va ressortir dans quelques minutes, et avec les gommes rouges, les extra tendres, pour la troisième partie des qualifs.
Mais pour l’instant, il n’entend rien. Ne voit rien. Ne sent plus rien. Sa prière silencieuse est respectée par les mécanos, qui le regardent solennellement, comme si un extra terrestre ou une statue de cire était dans le baquet. Lumière, comme dans un film au ralenti les ingénieurs voient ses yeux s’ouvrir, lentement. Lentement, il prend son gant droit, le met, et voilà qu’il fait de même avec le gauche. Il baisse la visière de son casque. Lui même vit la scène au ralenti, il ne pourra faire qu’un tour lancé. Et le voilà parti. A peine plus d’une minute 14 après, le voila qui repasse la ligne pour son tour lancé. Le double S après la ligne, coulé, comme au ralenti, un autre doublon de virages, puis le 90° à gauche, pour repartir tranquillement vers le muret et l’épingle qui annonce la longue courbe rapide. Au même moment, Sébastian Vettel, ivre de vanité sortait déja de sa voiture en criant, pointant son doigt au ciel. Sauf que le ciel est dans le baquet d’Ayrton. La double chicane avant la ligne, une roue qui frôle le mur, et quelques instants après, LE dieu de la F1 nous gratifie d’un extraordinaire 1.13.000, reléguant le jeune Allemand au deuxième rang. Ce dernier, fou de rage, jetta son casque dans les stands, partant se calmer à l’abri des caméras.
Un journaliste de Actu TV Moteurs, Emmanuel van den Brûle, parti à Montréal pour couvrir l’évènement, relata l’incident à Ayrton. Ce dernier déclara sobrement:
« Il m’avait oublié, il pensait que je ne sortirais pas des stands, ou que j’aurais eu une stratégie différente. Mais j’étais en communion avec Dieu sur ce tour, je crois que c »est la première fois depuis que je suis sorti de ma retraite que je me sens aussi bien. Seb est un excellent pilote, mais il est comme un cheval un peu fougueux, sauvage. Il faut qu’il s’apprivoise. J’ai beaucoup de respect pour lui, il sera dur à vaincre, même si je suis devant sur la grille de départ »..
A suivre…
Article original: Fiction (EP.17): Impérial Ayrton Senna ! Site web: http://actu-moteurs.com/