Ces tableaux-la ou certaines images ne montrent pas, ils font percevoir. Leur contenu étant surprenant, étranger ou simplement intriguant, l'esprit tente de réduire la surprise, de mettre du sens. Ainsi de différents tableaux de Georges de la Tour ou Jérôme Bosch.
La lumière de la Madeleine ici reproduite aspire le donné manifeste vers autre chose, une connotation, un espace de signification que nous, et nous seul, pouvons remplir. Quelque soit l'intention du peintre, car l'impact de son œuvre a lieu sur nous, ici et maintenant, loin de ce qu'il a pu penser et suggérer.
Quelques-uns verront une dimension sacrée, d'autres la fragilité et la singularité de la vie, ou, pourquoi pas, la lumière propre à chaque être, qui fait de nous des êtres conscients et attirés les uns par les autres.
Jérome Bosch, réputé peintre des tourments infernaux et des félicités divines, restait bien souvent à regarder autour de lui et croquait les mendiants. Est-ce ce chien sur la tête de celui-là, ou bien est-ce sa posture calculatrice intensément inscrite dans son présent, affairée à cette vie que son corps à moitié cassé a du mal à retenir, qui nous emmène ailleurs ?...
Cette oeuvre-la aussi s'en va chercher autre chose que le croquis proposé. L'idée peut-être que le plus petit d'entre nous est toujours humain. La sensation que l'humanité n'est pas affaire de robe ou de béquille. L'intuition déjà qu'en chaque homme réside le paradis et persiste l'enfer, avec une force d’opposition qui n'a rien à voir avec la faiblesse de membres contournés.
Quoiqu'il en soit, il y a dans ces deux tableaux et dans tant d'autres du mystère, un autre continent sous la surface dans lequel chacun peut plonger pour s'approprier la peinture ou l'image, en faire sa propriété car lui seul sait quelles associations singulières il pose sur l’œuvre.
Georges de la Tour Madeleine aux deux flammes – huile sur toile – réalisée aux environs de 1635
Jérôme Bosch Étude d'un mendiant