"Alors j'étais mort et je vous observais" de Philippe Napoletano

Par Zone Littéraire De Vanessa Curton

Quand les traces d'une présence sont un regard, comme un voile entre les autres et soi-même...

Dans ce quatrième roman, Philippe Napoletano nous ouvre les portes d'une famille lors d'un réveillon de Noël. On entre d'abord par la cuisine, et se dessine un couple marqué par la vieillesse. Rituellement, ils accueillent leurs enfants, deux frères - dont un seul est marié - et une soeur qui est artiste. 
Le narrateur qui est l'un d'eux les regarde, les ausculte de très près même, avec lenteur et silence, comme dans la bulle d'un fantôme...qui est encore vivant, ou presque, ou plus pour longtemps...et qui le serait un peu plus après...ou pendant...sa mort...qui serait un suicide.  

Aussi intriguant que le titre nous permet d'aborder ce roman à tâtons, la curiosité se perpétue au fil des pages. Le lecteur est dans les mots, observateur et bousculé parfois par l'incongru et une certaine excentricité. 

L'écriture donne une attention particulière aux mouvements de ces personnages qui parallèlement méditent sur l'immobilité de l'homme. Identifiés par des initiales, ils sont en reconquête de leur substance propre, et semblent devoir faire éclater les shémas dans lesquels la matérialité les enlise. Tout converge vers les corps et les ventres, et laisse émaner une belle sensualité, de ces êtres portés vers une fluidité dense et essentielle. 

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A la suite de Pas comme ça (Le Mot fou, 2010), des Hirsutes (Michel Laffont, 2005)dTrio (HB éditions, 2005)et des deux recueils de nouvelles de Philippe Napoletano (La Rivière, 2001, Les Gens, 1997, sortis chez HB éditions), on retrouve de nombreuses thématiques de l'auteur, comme le couple, des personnages qui amorcent une rupture, en quête de sens ou d'une nouvelle "peau", mais aussi un regard sur la féminité qui est ici perçue et sondée avec délicatesse. 

Alors j'étais mort et je vous observais
Philippe Napoletano
Editions D'un noir si bleu
2012