C'est encore l'heure du vote, ce dimanche. A l'UMP, on serre les dents et les coudes. On mise sur l'abstention à gauche, une météo clémente, une amnésie populaire et ... un coup de chance. Personne n'a osé indiquer qui serait premier ministre si, par surprise, l'UMP emportait les élections. Dans cette France de 2012, tout est possible.
Mais à quelques heures des premiers résultats législatifs, il n'était pas bien compliqué de recenser les 6 cauchemars de l'UMP.
1. Le Front national
Habilement renommé Rassemblement Bleu Marine, la PME Le Pen est évidemment la bête noire de l'UMP. Le quinquennat de Nicolas Sarkozy a signé l'échec d'une stratégie droitière qui devait vider le FN de ses postures et arguments principaux. Après le ministère de l'identité nationale (2007), le débat éponyme (2009), le discours de Grenoble (2010), les petites phrases de Claude Guéant (2011), la dernière campagne de Nicolas Sarkozy, odieuse, a laissé des traces. Jamais le FN n'avait été si fort depuis 2002. Jamais l'expression UMPFN n'a été si pertinente.
2. La guerre Jean-François Copé/François Fillon.
L'ancien avocat d'affaires a encore quelques soutiens, mais pour combien de temps. L'un des fidèles amis s'appelle Ziad Takkiedine. Il tient aussi les « fédérations », comme il s'en est encore félicité cette semaine. L'autre semble tenir les sondages. Quand le premier dénonce l'irresponsabilité socialiste en matière de retraites, l'autre s'amuse de la petitesse de l'amendement socialiste... Les deux se haïssent. Au soir du 17 juin prochain, la guerre sera d'autant plus total que le corpus idéologique de l'ancien parti majoritaire a été jeté à la benne par l'ancien Monarque Sarkozy.
3. Le programme de François Hollande.
Il fallait lire, ce mardi, ce qui effrayait Gilles Carrez. Les « mesures les plus dangereuses » du gouvernement Ayrault étaient la hausse du smic, le relèvement des cotisations retraite, le coup de pouce à l'allocation de rentrée scolaire
et la fin du non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux des
fonctionnaires... Il fallait écouter Jean-Pierre Raffarin, dans un court clip de campagne réalisé à destination des Français expatriés au Canada. Il exhortait nos compatriotes à voter pour Frédéric Lefebvre, l'ancien lobbyiste de PIC Conseil, pour « que le socialisme ne vienne pas pénétrer leurs vies…».
Comme ces deux « ténors », l'UMP n'avait pas ajusté ses caricatures et s'imaginait toujours en 1981. Or le programme de François Hollande est bien plus différent, et la gauche a changé. Bref, la tactique caricaturale n'accrochait pas.
4. La présidence normale
Elle les agace car elle plaît. Depuis son élection, la présidence de François Hollande est si normale par rapport à celle de son prédécesseur. Le moral des Français s'est redressé, à en croire les sondages. Les premiers jours du nouvel élu détonnent. Bien sûr, journalistes et contradicteurs se jettent sur le moindre écart de conduite(s). Mais l'outrance Bling Bling de 2007 qui ne choquait que de rares médias est si loin. Surtout, Hollande a pour l'instant normalisé le fonctionnement de l'exécutif, avec un vrai gouvernement, un vrai premier ministre et de vrais ministres.
5. Les affaires
A gauche, il y a bien les vieilles affaires Puponi ou Andrieux, Kucheida ou Guérini; mais l'UMP a quelques difficultés à les porter au niveau de gravité des affaires Karachi ou Bettencourt. Et ces deux feuilletons sont en passe de franchir une nouvelle étape avec la probable audition de Nicolas Sarkozy lui-même au lendemain du 17 juin. Patrice de Maistre, mis en examen pour abus de faiblesse et escroquerie, a été confronté vendredi 8 juin à trois de ses contradicteurs dans l'affaire: l'ancienne comptable, l'ancien majordome et une ancienne secrétaire. Et ces trois derniers ont maintenu leurs accusations, révèle Mediapart.
6. le succès de François Hollande
C'était évidemment le plus grand des cauchemars: et si Hollande réussissait ? Après l'échec du quinquennat Sarkozy, un succès de son successeur serait la pire des épreuves. Il est trop tôt pour le dire, mais quelques premières promesses, celles disponibles à une adoption rapide sans attendre un nouveau parlement, ont d'ores et déjà été décidées.
Pour l'heure, il faut voter.
Voter pour le changement.
Car rien n'est gagné.