Un peu austère, croyez-vous, une exposition présentant des crochets du Moyen Sepik ?
C'était sans compter sur La dame du fleuve...
Heureuse initiative que de nous présenter cette figure callipyge, sous toutes ses opulentes facettes...
Vue de face, l'image presque dure de la mère ancestrale nous interpelle. À la surface de son corps, on remarque les traces de la dévoration du crocodile à laquelle seront soumis ses fils, les futurs hommes, par le biais des scarifications infligées lors des initiations.
Le petit parcours qui nous est proposé nous réserve d'autres surprises, découvrant des vitrines déployant un florilège de crochets ornées de figures des plus expressives.
D'autres vitrines explicitent la fonction de ces crochets situés, pour les plus décorés, dans les maisons cérémonielles réservées aux hommes initiés ; ou pour les plus simples, au-dessus des foyers domestiques.
Ici, près de l'âtre reconstitué de la maison familiale, on se laisse surprendre par l'incongruité d'une figure de cochon qui orne le col d'une jarre servant à stocker le sagou.
Outre le côté esthétique indéniable, toute l'exposition concourt à nous montrer qu'au sein des sociétés du moyen Sepik régies par une vie rituelle réservée aux hommes, la femme était fortement valorisée. Tout au moins, de manière symbolique.
L'exposition se situe sur la mezzanine centrale du musée dans l'espace récemment baptisé "Atelier Martine Aublet".
Photos de l'auteure, Musée du Quai Branly, juin 2012.