Avec un léger retard sur son planning initial, le CAStore, annoncé en janvier dernier, accueille depuis cette semaine ses (5) premières applications, exploitant donc les données bancaires des clients qui les adopteront, grâce aux APIs (interfaces de programmation) que le Crédit Agricole met à disposition des développeurs.
En dehors de "Bankly", qui n'est pas encore publiée et dont la description est pour l'instant plutôt sibylline ("accéder à des informations déduites de l'activité de votre compte"), les solutions proposées s'avèrent plus ou moins originales. Ainsi, "Moneytime" semble se contenter de permettre la catégorisation des opérations pour une visualisation graphique de la répartition des dépenses, tandis que "Pimp ma banque" ajoute une touche de personnalisation (image, icône, couleur et police) à la présentation des soldes et des transactions.
Les deux autres me paraissent plus intéressantes. Tout d'abord, "Accesso" cible les besoins des déficients visuels, avec une application extrêmement simpl(ist)e, présentant le solde et les 3 derniers mouvements des comptes, sous une forme adaptée (et personnalisable) : couleurs à fort contraste et caractères géants.
Pour prolonger l'idée, j'imaginerais bien une version "audio", qui énoncerait les montants dans l'écouteur de l'utilisateur (en synthèse vocale) plutôt que de les afficher ainsi au monde entier (ou, au moins, aux curieux qui auraient un œil sur l'écran du téléphone).
Enfin, "Mon découvert" (décidément, les noms de ces applications sont "particuliers") choisit une voie qui présage certainement de l'avenir de la gestion de budget : alors que les solutions actuelles de PFM ne font qu'illustrer le passé, celle-ci essaie de prédire les tendances du solde du compte à une semaine ou un mois, en fonction des comportements historiques.
Je suis incapable de me prononcer sur la qualité des prédictions (il faut a minima qu'elles prennent en compte les différents rythmes de dépense, périodiques, saisonniers, liés aux événements de la vie...) mais le principe devrait séduire les utilisateurs qui veulent être aidés concrètement dans la gestion de leurs finances personnelles. Il rappelle d'ailleurs, en plus ambitieux, le "safe to spend" de Simple, qui commence à s'immiscer doucement dans les services d'autres banques.
Quelles conclusions tirer de cette première série de titres ? Comme dans le cas du concours d'Axa Banque, aucune de ces réalisations ne va révolutionner la banque mobile (ou en ligne). Malgré tout, les idées apportées par les développeurs tiers sont éminemment intéressantes pour le Crédit Agricole car elles explorent (toutes) des directions auxquelles la banque n'aurait probablement jamais pensé et elles pourront satisfaire les besoins spécifiques d'une frange de clients. Et, après tout, là était bien l'objectif de l'opération CAStore...