Cela fait plusieurs jours qu’on en parle : Silvio Berlusconi rencontrera très bientôt l’émir de Dubaï Mohammed bin Rashid Al-Maktoum. Cette rencontre est présentée comme une visite de courtoisie entre le président de l’AC Milan et le président du sponsor Fly Emirates. De là, la fantaisie journalistique a imaginé de nombreux scénarios, des plus probables aux plus hallucinants alors que finalement, il pourrait ne rien se passer. Néanmoins, quelques indices laissent penser que les deux hommes puissants pourraient parler de Milan…
Ce n’est un secret pour personne que l’AC Milan éprouve quelques difficultés financières. Tout le monde sait également que Mohammed bin Rashid Al-Maktoum est un homme très riche. Et la semaine prochaine, Berlusconi et Al-Maktoum se rencontreront. Est-ce suffisant pour imaginer des répercussions sur l’AC Milan? Pas sur, car pour ces deux hommes très puissants, Milan n’est qu’une petite partie de leurs affaires. Néanmoins, ils devraient en parler puisque Milan et Fly Emirates sont liés.
Al-Maktoum n’est pas directement intéressé d’acheter des parts de la société AC Milan. Actuellement ce n’est pas intéressant. Tout d’abord, quel serait l’intérêt d’investir 200M d’euros dans une société dans laquelle il n’a aucun contrôle et qui ne génère pas de bénéfices (au contraire…)? Ensuite, les autres cheikh qui ont investi dans des clubs européens ont tous voulu devenir actionnaires majoritaires afin de les diriger. Et ça, c’est hors de question à Milan car Berlusconi veut garder le contrôle. Enfin, il faut rappeler l’arrivée imminente du fair play financier. L’objectif théorique de cet outil de l’UEFA est d’obliger les sociétés à « s’auto-gérer », en empêchant les riches propriétaires de rembourser les dettes générées par le club. Alors en quoi l’arrivée d’un cheikh très riche changerait la situation de Milan puisqu’un des objectifs du FPF est de diminuer les couts de gestion des clubs de foot, avec comme conséquence une diminution progressive des prix des joueurs et des salaires? Tout cela laisse penser que le projet des deux hommes concerne autres choses.
Al-Maktoum est surtout intéressé à jeter les bases pour de nouveaux business. Les partenariats actuels mis en place avec Milan fonctionnent bien et il aimerait les étendre, notamment dans l’immobilier. Et qu’y a-t-il de mieux que San Siro comme zone à développer aux alentours de Milan? Rien et ça tombe bien Milan a justement besoin d’un stade car avoir un stade de propriété est la clé pour développer le club, surtout dans l’optique d’une autogestion parfaite. Comme l’Inter a le projet de construire son propre stade, l’AC Milan pourrait penser rester et surtout racheter San Siro à la ville de Milan.
Concrètement, comment y arriver? Il y a deux solutions. Tout d’abord, il y a celui de l’achat de parts de la société. Si plus haut, j’ai écrit qu’actuellement ce ne serait pas intéressant, le projet d’achat de San Siro (et de la zone à développer avoisinante) changerait tout et pourrait tenter Al-Maktoum d’investir. Selon la presse, Berlusconi pourrait céder 20% des parts du club pour environ 200M d’euros tout en s’engageant à utiliser ces fonds pour l’investir dans l’achat du stade. Ou bien c’est l’inverse : Al-Maktoum se charge d’acheter San Siro et le refile à Berlusconi en échange de 20% des parts de la société. Peu importe le sens, ça revient au même. Cela permettrait à terme au club d’augmenter ses revenus et donc au cheikh d’avoir, à terme, un retour sur son investissement. Néanmoins, un porte-parole d’Al-Maktoum a démenti la volonté d’investir dans le football.
L’autre solution, plus probable, serait de créer une joint venture, c’est-à-dire une société externe commune entre Berlusconi et Al-Maktoum (parts égales ou non) dans le but d’investir dans l’immobilier : San Siro et ses alentours. Cette solution permettrait à Berlusconi de garder la totalité des parts de l’AC Milan et cela permettrait à Al-Maktoum d’investir uniquement dans l’immobilier et pas dans une société de football (puisqu’il peut y avoir des risques et cela ne l’intéresse peut-être pas d’être un actionnaire minoritaire). Berlusconi s’intéresserait uniquement à San Siro. En échange, la zone avoisinante (et tous les bénéfices qui y sont liés) serait laissée à Al-Maktoum, le cheikh profiterait ainsi des capacités de Berlusconi et son groupe pour se développer et générer des bénéfices en Europe. C’est peu souligné dans la presse mais à Manchester (côté City), il y a eu d’énormes investissements autour du stade. Pour celui qui a la disponibilité économique, acheter San Siro et la zone tout autour serait un bon investissement.
Au final, c’est une solution win-win (il y a probablement encore d’autres solutions). Al-Maktoum aurait un bon retour sur son investissement, Milan resterait totalement sous le contrôle de la famille Berlusconi et aurait son propre stade : un pas fondamental pour que le club retrouve toute sa splendeur. Et puis c’est la seule solution pour pouvoir profiter de la richesse d’Al-Maktoum tout en maintenant une politique stricte de gestion du club, indispensable pour respecter le FPF. L’éventuelle aide financière ne devrait pas servir à acheter des joueurs (leur valeur est trop volatile…) mais à obtenir un stade de propriété, qui à son tour, aiderait l’AC Milan à améliorer sa situation de manière constante, sur le long terme. Mais inutile de s’agiter, ce sont deux scénarios possibles mais la visite d’Al-Maktoum pourrait uniquement être de courtoisie…
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