Bel Ami // De Declan Donnellan et Nick Ormerod. Avec Robert Pattinson, Uma Thurman et Kristin Scott Thomas.
Les américains qui adaptent des romans français, c'est assez peu commun. Mais Bel Ami est une oeuvre très connue en France et surtout adorée de la littérature. J'avais beaucoup aimé ce livre
alors que je l'avais lu il y a maintenant quelques années de ça. Cette adaptation est fabuleusement décevante. Fabuleuse parce que c'est beau, que les décors donnent des petites pépites dans les
yeux, et décevante parce le scénario n'est pas assez bon pour être à la hauteur du phrasé du vrai Bel Ami. Le souci vient évidemment du fait qu'il est en anglais. La langue française passe
beaucoup mieux pour ce genre d'adaptation. L'anglais n'est pas assez poétique. Il n'y a pas suffisamment de beaux mots pour enrober la beauté des dialogues de Bel Ami. C'est dommage parce que je
suis certain que ce film aurait pu être bien meilleur avec plus de volonté de la part des scénaristes. Je trouve cependant que pour une fois, Robert Pattinson n'est pas un problème de ce film. Je
l'ai trouvé différent, moins mono-expressif constipé que dans certains films dans lesquels il a pu jouer auparavant.
A Paris, à la fin du XIXe siècle, Georges Duroy, jeune homme ambitieux, est déterminé à se hisser au sommet d’une société qui le fascine. Des mansardes miteuses aux salons les plus luxueux,
usant de son charme et de son intelligence pour passer de la pauvreté à la richesse, il quitte les bras d’une prostituée pour ceux des femmes les plus influentes de la capitale. Dans un univers
où la politique et les médias mènent une lutte d’influence acharnée, à une époque où le sexe est synonyme de pouvoir et la célébrité une obsession, Georges Duroy ne reculera devant rien pour
réussir.
Pas la peine de parler de l'histoire, tout le monde (en France) la connait déjà, sinon votre éducation littéraire française n'a pas été faite correctement. Sans compter que tout le monde connait
au moins le style de Maupassant. Bref, Bel Ami est propre à la France mais Bel Ami version cinématographique ne lui rend pas suffisamment bien hommage. On ne ressent pas la beauté du récit, et
l'intérêt qu'il lui est porté. Georges Duroy, ce jeune homme ambitieux avec tellement de choses à raconter, et de bonnes choses mais on ne lui en donne pas l'occasion. Je me souviens d'une autre
adaptation de Bel Ami, française cette fois, et avec Sagamore Stévenin qui était encore plus mauvaise que celle ci (et pourtant produite par France 2). Outre le fait que l'histoire manque de
finesse, et que l'anglais ne permet pas de transparaitre la beauté du récit, la réalisation est plutôt correcte.
C'est sans compter la présence de ces décors suffisamment sublimes pour être fidèle au temps, le XIXème siècle. Côté cast on est servi par une poignée de bons : Kristin Scott Thomas dans le rôle
de Virginie, Colm Meaney qui est bien plus convaincant ici que dans Hell on Wheels, la petite Christina Ricci toujours aussi radieuse dans le rôle de Clotilde de Marelle ou encore Uma Thurman,
Madeleine, la prostituée de service. Même si cette dernière m'a rappelée son horrible prestation dans Smash, elle correspondait bien à l'univers démontré dans Bel Ami. Ainsi, voilà une adaptation
décevante d'une oeuvre française qui avait un certain charme, notamment dans le phrasé de Maupassant. Robert Pattinson n'est pas mauvais, mais pas assez bon non plus pour porter le film sur ses
épaules. Laissons aux français la possibilité de faire une belle adaptation un jour plutôt que l'enchaîner les adaptations étrangères.
Note : 4/10. En bref, une adaptation ratée du roman de Guy de Maupassant, et pourtant Robert Pattinson apparait sous un jour nouveau même s'il ne vaut pas un John Malkovich.