Romain Fustier poèmes

Par Poesiemuziketc @poesiemuziketc

Merveille d’elle

Tu aimes
bien
ces vacances
avec moi
me demanda-
t-elle
c’est vrai

tu aimes
bien
et elle me dit
cela
en me regardant
si tendrement
que je

Ubiquité

Vous
haven’t we met
before
devant
la vitrine

de la droguerie
aux rangées
de boutons
multicolores
avons-nous parlé
échangé
des banalités
près du distributeur
à pop-corn

.
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extrait chambre 233

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ai passé la nuit seul avec la maison
vide d’elle mis un seul bol sur la
table du petit-déjeuner preuve qu’il
s’est produit quelque chose
d’important dans ma vie qui s’est
remplie de lui à l’hôpital où je les ai
laissés pour une nuit étrange où je
me suis endormi papa
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extrait de le volume de nos existences

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je suis pendu au fil de la ligne téléphonique
qui vibre comme une corde de guitare blues
une mélancolie bleue à formule constante
qu’un vieux noir rythme à quatre temps je
suis pendu à mon cafard qu’un vieux noir
fait grincer au bout de ses doigts en pinçant
les cordes de ma mélancolie dont je connais
l’harmonie par coeur qui bat à quatre temps
dans un téléphone dont la ligne est coupée
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Des fois des regrets comme

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la pluie d’aujourd’hui
elle est du polycarbonate clair
qui scintille à la fenêtre

sous la lumière s’égouttant

une cuillère dans le thé
de miel de fleurs sauvages
qui nage dans une blondeur
rappelant celle sur la serre

des petites taches de soleil

qu’octobre à faible dose
prescrit en averses & giboulées
lueurs irisées telle une flaque
de fuel en flottants reflets
au-dessus d’un toit
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Infini de poche Extraits

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le sapin de noël jeté dans le jardin en travers du tas
de branches des dernières tailles tu l’aperçois ce soir
en fermant les persiennes aussi sec qu’une momie
éviscéré de ses aiguilles agitant ses engelures les nuits
aiguisant sa lame affûtant son tranchant à la surface
d’étangs gelés la litanie du froid demain à la radio
et ce frisson nous parcourant l’échine regard perdu
entre les pots de confiture à la fenêtre noire d’une nuit
s’étirant dans le matin sur la masse sombre du sapin
pareil à un corps mort dans un recoin un macchabée
des souvenirs sur son lit de déchets une désillusion
de plus et ces phrases qu’on entend déjà si j’ai passé
un bon week-end si ça va sapain sur la planche
jeté dans le jardingue comme une métaphore vaseuse
une nausée à peine à la surface glacée de la fenêtre

tu as planté un genêt hier et une foule de petits soleils
ont brillé dans tes mains tapé sur le clavier des doigts
fleurs colorées en cascade dans le jardin sur le journal
de bord de mai à venir après des mois d’eau croupie
si on t’écoutait de pluies même s’il n’y en a pas eu bézef
à cette latitude privée de lumière en attente de chaleur
aux vies presque arrêtées depuis les dernières floraisons
terrasses désertées avant que tu mettes en terre ce genêt
comme on sèmerait une source on aurait ensemencé
une merveille un bain de minuit un coucher de soleil
dans les régions polaires du jardin après des semaines
de froid traversé de branches au goût de biscuit avarié
qu’on oublie fichant ce genêt dressant dans la bordure
ses feuilles persistantes vivace robuste qui a résisté
à toutes les épreuves verte brûlante près de la terrasse
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Biographie

Romain Fustier est né en 1977 à Clermont-Ferrand, dans la banlieue dortoir de laquelle il a passé son enfance et son adolescence. Après le lycée, il poursuit dans cette ville des études de lettres en hypokhâgne, où il rencontre Amandine Marembert, qui deviendra sa compagne, et avec qui il fondera en 1998, au cours de leurs années étudiantes, la revue Contre-allées, que suivront en 2001 les éditions éponymes. Il vit aujourd’hui à Montluçon, où ils poursuivent tous les deux cette aventure poétique et organisent, avec Dominique Fournil et Malek Sebahi, le festival Poètes au potager chaque dernier week-end de juin.

http://contreallees.blogspot.com/2011/09/romain-fustier.html

Bibliographie

Ouvrages

  • Des fois des regrets comme, Les Etats civils, 2011
  • Dans nos intérieurs, in « Anthologie Triages », Tarabuste, 2011
  • Du bout des yeux, La Porte, 2011
  • Bras de mer, Encres vives, 2010
  • Habillé de son corps, Rafael de Surtis, 2010
  • Les yeux assis sur la plage, Atlantique, 2010
  • Boîte automatique du crâne, Publie.net, 2009
  • Coma, La Porte, 2009
  • Une ville allongée sous l’épiderme, Henry & Ecrits des Forges, 2008
  • Chantier perpétuel, Encres vives, 2008
  • Chaise avec vue, Encres vives, 2008
  • Négatif photo de la muse, Le Chat qui tousse, 2007
  • Chambre 233, La Porte, 2007
  • Ici-maintenant, IdP éditeur, 2007
  • Le volume de nos existences, Polder, 2006
  • Côté jardin, Encres vives, 2006
  • Dernière taille, La Porte, 2005
  • Radio Mix, IdP éditeur, 2004
  • Emporté par le tsunami de la mélancolie ordinaire, Encres vives, 2004
  • Lotissement en infusion, Contre-allées, 2004
  • Aiguillages immédiats, en collaboration, Contre-allées, 2003
  • Été poste restante, Contre-allées, 2002
  • Transit, Contre-allées, 2001