On peut lire depuis quelques temps, une très bonne nouvelle pour le Canal du Midi, l'étude d'une voie verte sur les chemins de halage de l'Aude. Sans vouloir être rabat-joie, il semble qu'il faut tempérer cette annonce car les chiffres annoncés ne semblent franchement pas crédibles et pour de mulitples raisons.
Certainement les cyclistes de tous poils, les promeneurs, les joggeurs et autres randonneurs et cavaliers, souhaitent tous voir des chemins praticables le long du Canal du Midi. Mais comme il est dit dans l'article de Midi Libre, il ne s'agit pas d'une simple piste cyclable, et il ne faut pas, non plus, oublier des paramètres dans les calculs de rentabilité.
Par exemple, il faut aller voir les problèmes le long du canal de Garonne, lequel est longé par une Voie Verte mise en place par les Conseils Régionaux d'Aquitaine et de Midi-Pyrénées et non pas par les Conseils Généraux?. Il faut donc applaudir des deux mains l'initiative du Conseil Général de l'Aude. Quels problèmes sont rencontrés et qui seraient cachés? Tout d'abord concernant l'utilisation, les canaux sont, en général, pourvus de chemins de halage des deux côtés. Hors, sauf erreur de ma part, le canal du Midi est dépourvu de chemins de halage sur de multiples tronçons, alors "Quid des tronçons non pourvus?". D'autre part on assiste à une compétition le long des canaux, il m'est arrivé très fréquemment d'avoir des problèmes avec des 'coureurs du Dimanche" lesquels prennent les berges pour des pistes de compétitions alors qu'il devrait y avoir un partage entre les différents usagers. Alors, comment seront prévus les aménagements? Mixtes ou une rive = un usage? Enfin, si l'initiative est louable, n'a-t-on pas omis l'impact des VNF sur le Canal? Jusqu'à preuve du contraire les cuvettes et berges restent sous l'entretien de cette Entreprise Publique sans financements suffisants. Hors comme le prouvent ces photos du canal latéral de Garonne, les berges s'effondrent et les Voies Verts payées par les Collectivités locales s'effondrent à leur tour de par la faute des VNF. Alors, ne serait-il pas nécessaire; avant que de faire une voie asphaltée, de vérifier ce que compte faire les VNF? La question est posée, reste à attendre la réponse des VNF.
Une autre question concerne le calcul de rentabilité qui paraît outrancièrement optimiste. Apparemment, il n'est pas tenu compte des autres postes de dépenses nécessaires au Canal du Midi, pour effectuer la rentabilité du projet. Les dépenses effectuées par le Conseil Régional, par les VNF, par l'État, par les communes, ne semblent pas intégrées ce qui faussent totalement la rentabilité, on ne compte que les dépenses du Conseil Général de l'Aude et ce n'est plus trop difficile de trouver des chiffres démentiels. Le Canal du Midi dans l'Aude ce sont, si mes chiffres sont bons, 131 kilomètres dans l'Aude auxquels s'ajoutent 36 kilomètres du Canal de la Robine, soient 167 kilomètres linéaires. Il faut donc 100.000 euros du kilomètre donc un total de 16,7 millions d'euros pour la faisabilité. Pour les retombées, il est annoncé un chiffre global sans aucun détail de 180.000 euros le kilomètres donc en gros 30 millions d'euros. Peut-on savoir comment sont calculées ces retombées mirifiques de 80% par an permettant une rentabilisation en 3 ans? C'est l'ancien directeur de la Caisse des Dépôts qui pose cette question. A ce tarif, les banques Européennes devraient acheter du kilomètre linéaire de canal en France plutôt que des actions dévaluées. A-t-on tenu compte également de la dévaluation qui s'ensuivra lorsque les platanes du canal du Midi seront abattus sans être remplacés?
A-t-on tenu compte de l'état général du Canal du Midi avant de faire et chiffrer le projet? Vraiment, le projet est digne d'intérêt mais il va droit dans le mur avec de tels chiffres.