Dès le passage au point de vue suivant, il devient extrêmement clair que le scénario d'Angles d'attaque n'a rien de bien malin. Pendant une bonne heure, Travis ne fera que répéter encore et encore les mêmes scènes, sans offrir de carotte aux ânes que nous sommes. Pour que la multiplication des regards présente un minimum d'intérêt, l'intrigue se doit de comporter un minimum de tiroirs ou de perversité. Là, pas grand chose, voire même rien du tout, si bien qu'aucune révélation ni piment supplémentaire ne vient transcender cette mécanique bien vide.
Pourtant, on s'accroche, espérant longtemps être cueilli par une fin surprenante ou comprendre le pourquoi d'un tel traitement. Résultat : une conclusion assez gênante (morale, clichés en pagaille et une pointe de racisme bien rance), et le sentiment qu'un traitement "normal" d'une telle histoire n'aurait absolument pas permis d'en tirer un film d'une heure et demie. De plus, Travis triche avec le principe de son film, intercalant régulièrement dans les narrations subjectives et successives des bribes d'autres points de vues inutiles et hors de propos. On sort d'Angles d'attaque cruellement déçu par ce spectacle assez pauvre, qui se contente d'exploiter encore et encore la même explosion. Cela rappelle curieusement Omagh, le précédent film de Travis, qui se focalisait sur un attentat commis par l'IRA avec un incontestable brio technique avant d'aller s'enfoncer dans les ornières un peu ennuyeuses du film à tendance judiciaire. La prochaine fois, qu'il évite de se cacher derrière un nouveau rideau de fumée : ça nous permettra peut-être de voir vraiment de quel bois il est fait.
3/10