Aux côtés d'une Marie-Josée Croze aussi irréprochable que lui, Cornillac est l'un des piliers de la franche réussite que constitue ce Nouveau protocole. Malgré le talent certain de Vincent, il y avait de quoi craindre ce petit frère frenchie des nombreux films américains à avoir tenté de démonter les grands systèmes économiques qui régissent et pourrissent le monde. De par son thème (les ravages de l'industrie pharmaceutique), le film fait particulièrement penser à The constant gardener. Mais le scénario d'Eric Besnard exploite des horizons plus réalistes, préférant dénoncer par le biais du polar plutôt que de livrer un simple pamphlet qui aurait difficilement supporté la comparaison. Le thriller est efficace, tout comme le propos, qui évite globalement le manichéisme et l'angélisme. Si plein de questions se posent à Raoul Kraft suite à la mort étrange de son fiston, s'il trouvera effectivement quelques clés, c'est néanmoins le doute qui finira par l'emporter. C'est à coup sûr le plus beau message délivré par un film qui refuse de livrer des réponses qu'il n'a pas.
Ce scénario habile et équilibré est parfaitement mis en valeur par le travail de Thomas Vincent, qui confirme ses dispositions de directeur d'acteurs ainsi que son aptitude à créer une atmosphère à partir de rien. Rythmé, musclé, intelligent, Le nouveau protocole a tout d'un film à l'américaine, sans pour autant perdre sa propre identité et sombrer dans la simple copie de ses modèles US. Il serait dommage de se priver de ce spectacle sombre et dense qui pourrait bien ouvrir la voie à toute une génération de réalisateur français.
8/10