Après le nul épique des grecs face aux polonais, l’attente est palpable avant le derby soviétique entre ruskovs et tchèques. Ces pays, formateurs des femmes les plus jolies du monde, ne peuvent qu’offrir un spectacle aussi délirant qu’une soirée vodka-bordel un soir d’hiver en plein Moscou (Oui, nous avons tous lu « Au secours pardon » de Beigbeder) ou digne du fameux 3-3 de l’Euro 96.
La Russie est clairement favorite de ce match. S’orientant dans un 4-3-3 parfait pour contrer, les hommes de Dick Advocaat font peur après leur victoire 3-0 face aux Italiens de Prandelli. Quand aux tchèques, depuis le départ du phare Jan Koller, le bateau est à la dérive. Nedved est parti, le talent aussi. Eliminés au 1er tour de l’Euro 2008 et non qualifiés pour la Coupe du Monde 2010, les coéquipiers de Rosicky arrivent sans réelles ambitions et se prennent à rêver d’une qualification en quart de finale, d’un ballon d’or pour Cech et un nouveau record du monde sur 5000m pour Gebre Selassie.
Dix minutes, comme le temps d’une passe avec une prostituée slave au bois de Boulogne. Les tchèques auront lâché trop tôt la sauce avant que les russes ne régalent. Inquiétés dans un premier temps par Hubnik (6ème) aussi peu précis de la tête que dans son marquage et Captain’ Rosicky (12ème) alias le Petit Mozart plus proche de Patrick Sébastien que France Classique, les russes frappent une fois mais fort. Contre le cours du jeu, Zyryanov déboule sur son aile droite. Il adresse un centre, à faire rougir notre retraité Willy Sagnol, pour le crane de Kerzhakov dont la tête trouve le poteau gauche de la cage et revient dans la surface. Dzagoev traîne dans les parages, se rappelle aux bons souvenirs de l’armée soviétique, et fusille sans scrupule le gardien de Chelsea. 1-0 pour les Russes, Poutine annule les billets pour le Goulag.
Pendant que les Russes continuent de faire circuler le ballon proprement utilisant habilement la technicité et la vitesse de leurs ailiers pour contrer, les Tchèques se rebiffent mais sans succès. Ils se créent quelques occasions bien trop légères. Le manque de verticalité, la qualité de centre approximative de leurs ailiers et les positions de hors-jeu fréquentes de Milan Baros (grand copain de Terry et Suarez) constituent quelques raisons notables de cet échec flagrant. Les hommes de Michal Bilek se font punir par Arshavin, auteur d’une très bonne prestation sous les yeux d’un Wenger au bord des larmes devant sa télé, lançant admirablement dans l’intervalle Shirokov qui d’une pichenette pleine de sang-froid vient tromper le portier Tchèque (25ème), l’envoyant se faire paître. 2-0 et Cech n’aura jamais ce fameux ballon d’or.
Les coéquipiers de Jiracek passe même près de la correctionnelle avec Kerzakhov, guerrier russe très utile au front, reprenant un centre, de Zyryanov, d’un tacle du droit passant à quelques centimètres du but (33ème). La lenteur des défenseurs tchèques est inquiétante. La première mi-temps aura été parfaite pour les Russes profitant de la naïveté de l’adversaire, beaucoup trop joueur pour défendre correctement symbolisé par Gebre Selassie, offensivement intéressant mais défensivement proche du néant. Et ici, c’est quitte ou double. Ici, c’est la roulette russe.
Ponce Pilar relance le suspense
Finis les goloubsty, kotlely, pelmeni, pirojki, chachlyk et autres plats imprononçables russes, les tchèques sont de retour en ce début de second acte. La rentrée de Hübschman n’aura aucun effet mais la résurrection de Plasil sera bien utile. Hubnik sort de la défense comme un buffle, passe la balle à Jaroslav. Le bordelais se rappelle que ce n’est plus Diabaté en attaque, effectue une passe sublime dans le dos de la défense russe vers Pilar. Il crochète Malafaeev et glisse le ballon dans le but vide (52ème). Il plante son deuxième but en équipe nationale et relance le match. 2-1. Balles neuves, service Russie.
Les Russes montent au filet mais ratent leurs volées. N’hésitant pas à aspirer le bloc tchèque sans solution devant, ils contre-attaquent rapidement et se procurent de nombreuses occasions par Kerzakhov (62ème, 64ème, 68ème) laissant nostalgiques les nombreux joueurs de la version 2005 de Football Manager. Perlix va ! Néanmoins, les tchèques continuent d’y croire et se procurent quelques occasions chaudes par l’intermédiaire du marathonien éthiopien, Gebre Selassie se prenant pour Van Basten en 1988 ou Benzema face à Majorque (72e). Rosicky tentera également sa chance avec une frappe tendue des 25m, captée en deux temps par le portier Russe (75e).
Avec un grand nombre de joueurs du Zénith, les Russes rappellent beaucoup l’équipe de Spaletti. Solides au milieu et techniques, ils ne s’arrêteront pas de contre-attaquer, régalant les spectateurs du monde entier. Pavlyuchenko traîne sa carcasse sur le terrain, trouve Dzagoev qui décoche une frappe du droit trompant Cech (79e). Abramovitch passe un appel au président du CSKA, 3-1. Le même Pavlyuencho finira le travail en dépeçant Hubnik, un dernier hommage à Luka Magnotta, avant de tromper le portier tchèque d’une frappe du droit premier poteau (82ème). 4-1, l’arbitre peut siffler.
La Russie frappe un grand coup. Les commentateurs s’emballent. Wenger rappelle Arshavin lui promettant une place de titulaire à la place de Gervinho. Dzagoev est considéré comme le nouveau Messi. Poutine gagnera les prochaines élections.
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LES NOTES
RUSSIE
V. Malafeev (5): Il n’a pas eu grand chose à faire. Il s’est échauffé sur une frappe de Rosicky. Il aurait pu se branler sur les supportrices, on y aurait vu que du feu
A. Anyukov (5): Lent mais jamais mis en danger. Il s’est même permis quelques montées. Un planqué en somme
A. Berezoutski (4): Il est toujours au bloc opératoire après avoir subi de nombreux crochets tchèques.
S. Ignashevitch (5): Dantesque à une époque sur Football Manager, un peu moins maintenant. Ses 33 ans l’excuseront
Y. Zhirkov (7:) L’escroc ! Après avoir fait semblant de signer à Anzhi pour le football, il nous signe un match de folie. Au four et au moulin, tout comme son ancien coéquipier Terry avec les femmes.
I. Denisov (5): Il a fait ce qu’il pouvait. « Voilà. »
R. Shiroko (7): Un nom plutôt drôle à la prononciation, un physique de déménageur, capable d’accélérer le jeu et même de planter. Qu’en penses-tu Alou Diarra ?
K. Zyryanov (4): Il a fallu regarder plusieurs fois la feuille de match pour comprendre qu’il avait joué. Sparring-partner de Dick Advocaat au golf. Il faut bien justifier sa sélection
A. Dzagoev (8): Dzagoev is the New Messi des pays de l’Est
A. Arshavin (8): Un jour, on dira aux enfants que l’on a vu Arshavin défendre, revenir se placer, lâcher la balle, accélérer. Bref, il a parcouru plus de kilomètres en un match que dans sa carrière avec Arsenal
A. Kerzhakov (5): Il a couru, vendangé, couru puis vendangé. La rentrée de Pavlyuencho, décisif, risque de changer la donne très rapidement
R. TCHEQUE
P. Cech (4): Abandonné par sa défense, pas décisif. La Champion’s League semble déjà loin.
T. Gebre Selassie (3): Non qualifié aux JO.
R. Hubnik (2): Comment on dit « à la rue » en tchèque ?
T. Sivok (2): Même tarif que son compère en défense centrale. Les deux doivent sûrement partager chambre, femmes et enfants aussi.
M. Kadlec (3): Il a vu sa vie défiler face à Dzagoev. Au moins cet été, il aura voyagé.
J. Plasil (5): Une passe décisive et puis c’est tout. Jean Tigana était dans les tribunes apparemment.
P. Jiracek (5): Il s’est débattu sans cesse. Ça vaut bien la moyenne
V. Pilar (6): Une taille tout juste supérieure à Valbuena, 23 ans, buteur, bon replacement défensif. Tant qu’il ne plongera pas, il sera intéressant de suivre le jeune homme
T. Rosicky (4): Rendez-nous le Thomas de la fin de saison chez les Gunners. Plus tête à claques que Mozart
J. Rezek (4): Il sait courir et rien de plus.
M. Baros (2): « Quand je raccrocherai définitivement les crampons, je veux que les gens me disent que j’ai été un joueur fantastique. Mais aussi que j’ai bouffé ce foutu Milan Baros » Stéphane M’bia, dimanche 10 juin 2012, Le Phocéen.
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CharlesCHT
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