Aucune étude n'avait pu jusqu'à présent rattacher clairement les hormones sexuelles au risque cardiovasculaire chez les femmes ménopausées. Cette étude de l'Inserm montre pour la première fois que les œstrogènes qui semblaient expliquer jusque-là un moindre risque cardiovasculaire chez les femmes, ne seraient pas forcément bénéfiques pour le cœur et les vaisseaux. Même si, à la ménopause, le niveau des œstrogènes régresse chez la femme et son risque cardiovasculaire augmente, selon ces résultats, publiés dans le Journal of American Heart Association, non seulement l'administration d'œstrogènes ne permet pas de prévenir les maladies artérielles ischémiques chez les femmes ménopausées mais pourrait même avoir un effet délétère chez les femmes plus âgées.
Alors que femmes sont moins sujettes que les hommes aux maladies cardiovasculaires avant la ménopause, la différence s'estompe ensuite. Si l'on pouvait supposer un effet bénéfique des œstrogènes sur le cœur et les vaisseaux, cette nouvelle étude, menée sur 6.000 femmes âgées de plus de 65 ans montre que des taux élevés d'œstradiol sanguin exposent en réalité à un risque plus important d'infarctus du myocarde ou d'accident vasculaire cérébral.
L'œstradiol est l'hormone œstrogénique la plus active. Ses taux sanguins élevés pendant les années de vie reproductive diminuent de manière importante à la ménopause tout en poursuivant une action biologique. Les taux sanguins d'œstradiol ont été mesurés chez ces participantes ménopausées à l'entrée dans la cohorte et, sur un suivi de 4 ans, 150 nouveaux cas de maladies cardiovasculaires ont été recensés. Or les chercheurs montrent, après ajustement avec d'autres facteurs de risque comme le diabète et l'obésité, que des taux élevés d'œstradiol sanguin sont associés à un risque augmenté d'infarctus du myocarde ou d'accident vasculaire cérébral sans que le lien de cause à effet ne soit démontré. Par ailleurs, les œstrogènes semblent affecter certains mécanismes impliqués dans l'obstruction des artères à l'origine des maladies cardiovasculaires.
Des données qui remettent en cause le rôle bénéfique des œstrogènes sur le cœur et les vaisseaux. Le rôle protecteur des œstrogènes contre les maladies artérielles ischémiques chez les femmes est donc a minima remis en question chez les femmes ménopausées et pourrait même avoir un effet délétère chez les femmes plus âgées. Pierre-Yves Scarabin ((Unité Inserm 1018), auteur principal de l'étude, précise que d'autres études seront nécessaires pour confirmer l'effet délétère des œstrogènes femmes ménopausées plus jeunes.
La Fédération française de Cardiologie explique que si les femmes sont, jusqu'à leur ménopause, bien plus épargnées que les hommes par les cardiopathies ischémiques, sans que cette protection soit d'ailleurs absolue, et si cette protection avant la ménopause pourrait laisser logiquement penser qu'elle pourrait être étendue par la prescription d'un THS après la ménopause, en fait « cela n'est pas vrai, et le THS ne peut être considéré comme un élément de prévention à l'égard des cardiopathies ischémiques (…) le THS augmente le risque de thrombose, en particulier veineuse, dans une moindre mesure artérielle ».
Sources: Communiqué Inserm, J Am Heart Assoc, High Level of Plasma Estradiol as a New Predictor of Ischemic Arterial Disease in Older Postmenopausal Women: The Three-City Cohort Study
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