Merci à Arsène pour le prêt de cet excellent essai.François L'Yvonnet est plus qu'agacé par ces 'se disant humoristes' qui ne sont que des clowns, des bouffons imbus d'eux-mêmes. Le pamphlet explicite cet agacement : les humoristes se prennent au sérieux, ils surfent toujours sur les mêmes bons mots et les mêmes boucs émissaires, prenant soin de ne pas s'attirer de foudres des personnes visées. Ils jouent sur le vulgaire. Ils donnent aux rieurs une critique inconséquente de leur société, vide. Et ils gagnent leur vie sur un divertissement hypocrite, profitant du système qu'ils font semblant de dénoncer. L'essai insiste notamment sur le discours politique tourné en ridicule ou le politique qui joue de bons mots. Le rire, opium du peuple ? Rien n'invite à penser ou à dénoncer (au passage, Swift est incroyable) chez eux. Ils ne prennent pas de risque.Cette dénonciation de l'hypocrisie, du rire généralisé et de son impunité résonne parfois de colère retenue. Elle pointe et accuse. Mais elle ne le fait pas dans la tristesse ou le sérieux. Elle sait désigner le ridicule de ces humoristes, leur hypocrisie et leur inconséquence. Voilà qui amuse et fait cogiter le lecteur.Si l'auteur décrit ce phénomène comme récent, je ne suis pas certaine qu'il le soit. Certes, la télévision favorise l'émergence de ces guignols et leur diffusion. N'est-ce pas un travers de nos démocraties bien pensantes que ce divertissement creux ? La nostalgie des humoristes engagés, je la partage, mais tends à croire que même l'humour ne pourrait plus être pris au sérieux.