Les arbres défilent, le bitume se déroule sous ma Ford Mustang lancée à toute vibrure sur ces petites routes tranquilles plus habituées à supporter les essieux lourds des machines agricoles que la sauvagerie de mon pur-sang mécanique. La route, comme aspirée par mes roues semble être éjectée de l’arrière du véhicule, les herbes résignées, sur le bord de la chaussée se couchent sur mon passage. Même les vaches, pourtant tellement imperturbables, détournent leur attention de la voie ferrée pour s’enquerir de la raison de ce soudain tumulte.
J’appuie encore un peu sur le champignon, la réaction est immédiate: la petite frémit comme un lait prêt à bouillir. Les 289 chevaux de mon V8 lui chatouillent la bas ventre. Miss auto’stoppeuse a la rez de chaussée en surchauffe.
Après deux ou trois virages négociés un peu vite, à la limite du plantage, je remarque une suée naissante sur son front délicat. Une petite brillance qui donne soudain un éclat à ce visage que je découvre finalement beau. Jusque là, je m’étais surtout attardé sur ses cannes, du genre fantastique ces gambette mon p’tit père. Interminables, avec un genou qui a le bon goût de lier un mollet délicieux à une cuisse encore plus désirable et tout cela sans avoir la grossse tête, le genou a su rester fin et harmonieux. Bref, c’est du grand art mes amis. Et que dire de la robe légère et estivale qui orne ce magnifique tableau ? Ecoute, c’est bien simple j’ai l’impression que plus les kilomètres avancent, plus sa robe monte le long de ses cuisses.
Et encore, mon pervers adoré, je te parle pas de la paire de nichebabs … non n’insiste pas… imagine seulement, si toutefois t’en est capable.
_ On dirait que t’as chaud, tu veux que j’ouvre les fenêtres ? lui demande-je, toujours gentleman.
_ Non, ca va merci, avec la vitesse, je vais être toute décoiffée … mais j’ai comme un souffle chaud et un peu fétide dans le cou. Comme un courant d’air puant…
Tu parles d’un courant d’air mon pôte … le souffle violent du printemps pourri qui s’abat sur ma belle n’est autre que la respiration toute proche de mon fidèle compagnon. Mon basset hound préféré, voyant une jolie fille monter dans l’auto, n’a rien trouvé de mieux que de coller son museau fuineur sur le haut du siège de ma passagère, lui réspirant son haleine de croquettes au saumon à dix centimètres du cou.
Sentant que le moment est venu, je baisse ma vitesse. Cela a pour effet immédiat de calmer le rugissement de la Mustang, je baisse les vitres afin de laisser l’air rentrer et de profiter un peu des odeurs de la campagne texane.
_ Dis moi, me dit elle subitement, je vois que tu as un super beau poste dans ta bagnole, t’aurais pas un bon CD à nous mettre.
Tilt ! mon cerveau, comme les flippers d’antan, vient de gagner une partie gratuite.
_ Bouge pas chérie, je m’occupe de ça. Toi si tu veux bien, attrape la glacière sur la banquette arrière et sort nous deux bières.
Elle s’exécute avec un entrain enchanteur et plaisant, surtout lorsqu’elle se tortille pour accéder aux binouses, frolant au passage ma joue de sa fesse droite.
_ Pour les décapsuler, j’ai une techique toute perso lui conseille-je…. tends les bouteilles au chien.
Et mon magnifique cerbère, de sa machoire sure et experte, fait sauter les petites capsules de métal comme un bouton d’acné sur le visage d’une fan de Justin Bieber.
Et pour accompagner ce délicieux breuvage, laissant glisser une main sur la cuisse découverte de Miss pouce en l’air, je profite de la sortie d’un EP de quatres titres de ZZ Top pour faire vibrer les h-p avec cet avant goût d’un album prévu pour l’automne.
Et quel avant goût ! Les barbus texans, après un silence de neuf ans, vont enfin refaire parler d’eux. Et ça risque de faire mal mes frères. Si j’en crois les quatres morceaux du EP nommé « Texicali », le boogie et le groove de ces jeunes sexagenaires va encore faire mouche.
Je suis intimement persuadé que si ZZ Top parvient encore à être original, la guitare, la voix et la personnalité de Billy Gibbons en sont les principales raisons. En effet, le coté psychédélique de l’ancien membre du 11th Elevator a toujours amené au trio texan ce petit quelque chose en plus. Enfin, c’est surtout l’alchimie qui unie depuis plus de quarante ans ces sympathiques gaillards, cette joie de jouer ensemble, ce plaisir communicatif qui explique peut être la longévité de « That little Ol’Band From Texas »
_C’est bon, tu peux me déposer ici.
Nous nous séparons donc ici, non sans s’être promis de se revoir bientôt, lors de la prochaine tournée de ZZ Top cet été, ou en automne pour s’écouter l’album complet sur les sièges en cuir de ma Ford Mustang.
Hasta luego
Voilà pis c’est tout.