Il était une fois un monarque éclairé qui s’était efforcé de traiter ses sujets avec bienveillance, en usant le moins possible de son autorité.
Or une certaine désaffection du peuple pour la couronne se faisait sentir. Au lieu de se montrer coopératifs et respectueux avec les fonctionnaires royaux, les gens se plaignaient sans cesse, devenaient turbulents.
Le roi, préoccupé, déambulait un jour sur le chemin de ronde d’un de ses châteaux, lorsqu’il aperçut un derviche, reconnaissable à sa robe rapiécée, assis à même le sol au pied de la muraille.
« Ces derviches sont réputés connaître tous les secrets, se dit le roi. Pourquoi ne pas consulter celui-là ? »
Il exposa brièvement son problème au derviche, puis demanda un conseil.
« Je te donnerai non pas un conseil, mais deux conseils, dit le derviche.
– Merci, fit le roi, mais tout ce qu’il me faut en l’occurrence, c’est un conseil.
– En ce cas, dit le derviche, je te le dis : « Si tu dois gouverner, alors gouverne ! »"
Le roi exerça son autorité avec une poigne de fer. Il traita ses sujets avec une telle sévérité qu’à la fin ils se révoltèrent. Il fut contraint de s’enfuir, déguisé en derviche, après avoir échappé de justesse à la mort.
Alors qu’il traversait une forêt, il s’arrêta au bord d’un ruisseau pour se laver le visage. Le derviche qui l’avait conseillé était assis tout près, en contemplation.
« Voilà où cela m’a mené de t’avoir écouté ! dit le roi.
– Veux-tu connaître le second conseil ? demanda le derviche.
– Je n’ai plus rien à perdre, parle !
– Voici le second conseil : « Ne demande jamais conseil, et ne suis jamais aucun conseil, sans t’être assuré que le donneur de conseils est une personne compétente. »".
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