Quand Guaino cause aux gueux
Publié le 08 juin 2012 par Yvesd
Emotion dans le 7-8 : Henri Guaino, la célébrissime ex plume de Sarko, a franchi le périphérique pour rendre visite en personne aux péquenots dont il brigue les suffrages. Il était temps ! Depuis le temps que Josette frétillait d’impatience et que Marcel attendait qu’elle aille passer la soirée ailleurs pour se taper enfin une (vraie) galette saucisse, tranquille peinard devant la télé. Ca s’est donc passé hier soir dans le cadre somptueux de la salle des fêtes de l’ancienne mairie du Chesnay, dans la banlieue nord de Versailles pour ceux qui ne connaissent pas. Pas question de sécher l’évènement, de s’endormir devant « Orgueil et Préjugés », le téléfilm au titre de circonstance que diffusait Arte à la même heure. Pas question non plus de priver les lecteurs de « Restons Correct ! » d’un compte rendu des propos du Grand Homme. C’est quand même pas tous les jours que nous autres, les gueux des Yvelines, avons le privilège de nous rincer les oreilles aux paroles d’un orateur de cet acabit.
Pas de doute :
a star is born hier soir au Chesnay. Arrivée en musique sous les vivats des militants du cru, en retard et sans s’excuser. Après l’inévitable sermon mobilisateur de l’apparatchik de l’UMP locale et une déclaration d’amour émouvante de sa dévouée suppléante potentielle, Riton monte enfin à la tribune pour haranguer les gueux et la brochette de groupies ménopausées massées aux premiers rangs. Et nous voilà parti pour près de 45 minutes d’un discours fumeux, sentencieux et très égocentré. Nous apprîmes ainsi et en vrac que le petit Henri était tombé dans la marmite du gaullisme inconditionnel à l’âge de 8 ans, que la civilisation c’était les valeurs républicaines au tout premier rang desquelles figure la possibilité pour les gamins pauvres et méritants d’accéder à l’enviable fonction de conseiller spécial de l’ex Président de la République. Nous apprîmes aussi qu’il était fan de
Camus et de Péguy et avait personnellement veillé à ce que ses mômes n’ignorent rien du théorème de Pythagore. Rappelons à ceux qui ont séché les cours de math pour zoner sur
facebook que c’est celui qui stipule que, dans un triangle rectangle, le carré de l’hypoténuse est égal à la somme des carrés des côtés adjacents.
Quant au rôle qu’il entend jouer à l’Assemblée ce sera celui d’une « voix forte » et résolue, indispensable pour porter la contradiction à un gouvernement qui, il n’en doute apparemment pas, sera à la botte du nouveau Président. Tout comme Philippe de Macédoine en son temps, Hollande aura son Démosthène et ce sera lui car, dans ce qui ressemble quand même un peu à un délire mégalomaniaque, il ne doute apparemment pas non plus d’être élu, haut la main bien entendu. L’idée triviale qu’un député de l’opposition puisse aussi servir à dissuader l’exécutif d’augmenter toujours plus les impôts et de faire n’importe quoi avec l’argent des contribuables ne lui a semble-t-il pas effleuré l’esprit… Tout à la fin, le gros mot de Liberté est enfin prononcé. Qu’on se rassure : il s’agit seulement de celle qu’on a malheureusement été obligé d’accorder à la presse et à ces journalistes mal élevés qui ne ratent jamais une occasion de lui poser des questions aussi impertinentes que mal intentionnées. Là, j’avoue, j’ai calé. Je n’ai pas eu le courage d’assister à la séance de questions-réponses. Je suis rentré chez moi en me disant que, si ça se trouve et même si le pire n’est pas toujours sur, Riri la belle plume avait malheureusement des chances d’être élu.
L’appel du jour est par conséquent destiné aux électeurs de la troisième circonscription du 7-8 : Guaino c’est No ! A tout prendre, votez plutôt Olivier Delaporte !