Les professions de foi électorales sont instructives. Au petit jeu de la démagogie, il arrive que le candidat socialiste surpasse les autres.
Par Marc Crapez.
Je lis toujours les professions de foi électorales. J’aime la diversité des opinions. Dans ma circonscription, le candidat dissident de droite se réclame simultanément de « la droite unie ». Le candidat centriste, lui-aussi, est un petit malin : il se réclame du Modem, bien sûr, mais aussi de l’UDF, qui n’existe plus, et du « Centre pour la France » qui est le nouveau nom que se donne le Modem.Les extrêmes-gauches disent pareil que d’habitude, mais au moins, c’est écrit en bon Français. Et ce sont les gauches de gouvernement, censées être sérieuses puisqu’elles sont aux manettes, qui racontent n’importe quoi dans un épouvantable jargon.
La candidate des Verts s’affiche « chercheure au CNRS », réforme de l’orthographe oblige, sans préciser comment elle définit le « néolibéral » qu’elle voue aux gémonies. Elle se dit « opposée à la sélection au faciès : inégalités de parcours entre sexes, entre âges, entre cultures, entre poids-et-taille » !
Sans doute veut-elle dire par-là qu’entre deux jeunes candidats de droite au CNRS, un gros et un petit, elle ne fait aucune différence et s’oppose à leur recrutement à tous les deux… Et vu la minceur de ses publications scientifiques, on peut lui faire confiance, elle a du temps à consacrer à ces procédures de sélection. Mais pourquoi diantre les spécialistes de la lutte contre « la haine » et « l’intolérance » sont-ils à ce point sectaires ?
Être contre l’exploitation du gaz de schiste est parfaitement son droit. Mais elle a l’audace d’affirmer qu’elle est contre « parce que scientifique ». Scientisme qui consiste a exhiber un titre universitaire pour valider ses préférences politiques. Cet argument de l’autorité de la chose jugée est non seulement contraire à l’esprit scientifique, mais il est très méprisant, car il sous-entend que les partisans du gaz de schiste sont des sous-doués.
La palme revient au candidat socialiste
Le postulant socialiste à la députation est encore pire. Ce partisan des « valeurs humanistes… cherche à faire remonter la voie (sic) de celles et ceux qui, à votre image, sont proches de vous ». Outre la faute d’orthographe, on admirera la redondance qui insinue que nous, les électeurs, sommes proches de nous-mêmes.
Le reste est à l’avenant : « J’en suis venu à penser que la pauvreté et l’inégalité ne pouvaient être vaincus qu’en se regroupant, qu’en gagnant chaque jour plus de liberté, plus de démocratie, plus de solidarité. Je refuse fermement l’exclusion, l’égoïsme et l’inégalité… Ma conviction profonde est que l’urbain et la ruralité sont totalement complémentaires en termes d’espérances de vie ».
Quel charabia ! Tous les chats seraient gris. Rien n’est incompatible. Rien n’est antithétique. C’est digne de la discussion à la cafétéria du campus. Se « regrouper », c’est comme dans les manifs où l’on scande « tous-ensemble ! ». Se regrouper répond au nouveau mot d’ordre de la gauche : à bas les clivages ! Sarkozy est clivant, Zemmour est clivant.
Tout ce qui s’oppose aux nouveaux lieux communs est fauteur de trouble. Les mutations introduites par la gauche dans le paysage intellectuel se veulent irréversibles. Les esprits forts qui les contestent se font remarquer et sont catalogués. On les regarde d’un mauvais œil. Ce ne sont pas des personnes comme il faut. Hou la la, ces gens-là polémiquent ! C’est inacceptable et choquant. À l’instar de ce que la bonne société considérait jadis comme licencieux. Le politiquement correct est une religion pudibonde. Ça n’est même plus écrit en bon français, disiez-vous ? Mais ne seriez-vous pas des fois un peu xénophobe et clivant ?
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