Scénario de Wehlmann, dessin de Gazzotti, Public conseillé : Tout public
Style : Aventure fantastique Paru chez Dupuis, le 01/06/2012
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L’histoire
Seuls, c’est d’abord un postulat fantastique radical : 5 enfants (de 6 à 12 ans) se réveillent un matin dans leur ville (Fortville), totalement vidée de ses habitants. Sans parents ni amis, ils sont livrés à eux même dans cette grande ville et vont devoir apprendre à se débrouiller SEULS !
Quelle est la raison de cette disparition inexpliquée ? Ou sont les autres ? Des questions, auxquels les enfants tenteront de répondre, tout en gérant l’urgence de la situation. Sans adultes, ni assistance, ils doivent d’abord répondre à leurs besoins de base (nourriture, vêtement, protection ..). Pour cela, une seule solution : s’organiser en société (avec ses règles, sa hiérarchie, ses principes de vie commune).
Car ce monde grouille de dangers inquiétants et angoissants : des animaux sauvages échappés du cirque, un adolescent muet qui joue avec des couteaux, Saul, un leader de Clan aux méthodes extrémistes, des singes kidnappeurs, La “zone rouge” (l’épicentre du phénomène)…
Pour surmonter tout ces dangers, Yvan (9 ans) l’artiste rigolo et lâche, Leïla (12 ans) la garçonne énergique, Camille (8 ans) naïve et généreuse, le petit Terry (6 ans) et Dodji, Le leader au grand cœur (10 ans) apprendront l’entraide, la confiance et la solidarité au delà de leurs différences de personnalité et d’âge.
La fin du 5me tome marque une découverte majeure : Les enfants découvrent qu’ils sont déja morts ! Pour certains, cette découverte est un anéantissement, voire une délivrance, mais Dodji ne renonce pas à quitter cet endroit, mi-enfer, mi-paradis.
Le second cycle commence sur une guerre de territoire entre le clan de Saul et les 5 enfants. Mais cette lutte d’influence dégénère. Puisqu’ils se savent déjà morts (et donc “immortels”) L’affrontement passe des coups de poings aux armes de guerre.
Tandis que les clans sont occupés, la situation se dégrade. les enfants se trouvent piégés au centre de la “Zone Rouge” qui s’enfonce sur place…
Le tome 7
La situation n’est pas glorieuse : la “Zone Rouge” s’enfonce de plus en plus profondément. Devant le nouveau danger commun, les 2 Clans arrêtent de guerroyer et se serrent les coudes. Dans la zone, les dangers se multiplient. Le monolithe noir au centre de la zone augmente son aura maléfique, les enfants qui disparaissent reviennent “zombifiés”, un enfant sauvage apparaît dans les miroirs. Désespéré, le groupe se réfugie dans le musée.
Pour s’en sortir, Dodji et Saul, les deux chefs de clan et ennemis imaginent une solution particulièrement dangereuse : A l’aide de parapentes trouvés dans un magasin de sports, ils sauteront du haut d’un immeuble pour atteindre le sommet de la falaise, puis jeter des échelles de corde à ceux restés en bas. Mais le temps presse…
Ce que j’en pense
C’est une série hautement récompensée et remarquée que j’ai choisi de chroniquer. Et pour cause. Vehlmann a installé la série dans une ambiance très originale pour un jeune lectorat. Fantastique et inquiétant, c’est un pari assez osé (et réussi) qui a trouvé preneur avec plus de 100.000 tome 1 vendus.
Sa recette ? Sans éviter la tension et les situations dramatiques, Velhmann raconte une histoire touchante d’amitié et d’entraide dans ce monde dur et troublant. Bien joué !
Si contemporain
Une des qualités principales de son scenario, est d’arriver à faire vivre de façon réaliste 5 gamins si différents. Qu’ils soient pleutres, ou débrouillards, perdus ou leader, chaque personnage trouve un ton juste, et un comportement en adéquation avec son caractère. Ici, pas de niaiserie “enfantine”. Chaque enfant, avec ses qualités et ses défauts est important dans le groupe.
Apres avoir résolu la question du “Ou sommes-nous ?” dans le premier cycle, Velhmann commence à dérouler une nouvelle histoire. Après les problèmes de personnalités, ce nouveau cycle ouvre de nouvelles pistes, et des questions d’un autre genre. Qui sont les 15 familles ? Qu’est-vraiment le Monolithe noir ? Quel est le rapport entre la présence des enfants dans cet “espace” et la “Zone Rouge” ?
Autant de questions que Vehlmann commence à peine à effleurer. Car ce nouveau cycle est carrément plus violent et sombre. Pas le temps de se poser, entre la guerre ouverte, les enfants zombies, la monolithe…Toute l’action est menée tambour battant.
Ce changement de rythme et de ton évite la routine du premier cycle, mais peut perturber un jeune lectorat. Ainsi, J’imagine mal conseiller ces derniers tomes à des enfants âgés de moins de 10 ans.
Le dessin
Gazzotti et Vehlmann font un beau duo sur “Seuls”. Le dessin de Bruno Gazzotti, déjà si abouti dans sa série policière Soda est à l’unisson du scénario. Son style accompagne magnifiquement la thématique. La composante réaliste (perspective, décors) permet de s’immerger dans ce monde. Le dessin légèrement caricatural des personnages apporte cette distance minimale qui limite “le transfert” et permet au lectorat de ne pas trop angoisser. C’est un fait. Le cocktail “semi-réaliste” est parfaitement adapté à la série “Seuls”.
Du point de vue purement technique, le dessin de Gazzotti est impeccable. Aucune faute de perspective, d’encrage, de composition. C’est du pur bonheur, lisible et efficace à souhait. Une petite ombre au tableau : les couleurs que je trouve “agressives”. peut-être est-ce là aussi, un travail adapté au jeunes lecteurs, auquel je ne suis pas sensible…
Pour résumer
Evadez-vous dans une aventure fantastique et humaine d’enfants perdus dans un monde mi-enfer, mi-paradis…”
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Cette critique fait partie de l’opération “la BD du mercredi” de Mango