Le son de Paris Soul porte d’ailleurs l’empreinte de cet exotisme kitsch qui a encore cours dans certains grands cabarets parisiens. Ce qui ne l’empêche pas d’être un très bon disque de latin-funk instrumental, sans doute l’un des meilleurs jamais produits dans l’hexagone. On y trouve énormément de percussions, ce qui n’a rien d’étonnant quand on sait que Ben Ahmed Zouber s’est fait connaître sous le nom de Ben, Sa Tumba et Son Orchestre – la tumba étant la conga au son le plus grave. On sent une forte influence d’artistes comme Ray Barretto et Mongo Santamaria, et du mouvement Nuyorican en général, mais le Platano Group en livre une version beaucoup plus funky, voire même corrosive avec une forte présence de la guitare électrique – écoutez le solo enragé de "Platano Split".
Il n’y a rien à jeter dans ces 10 titres, chacun a un parfum particulier et le groove ne faiblit jamais, le big-band s'épanchant dans un déluge de cuivres, d’orgue Hammond, de wah wah et de chicken scratch. Mambo, funk, salsa, bossa, et toutes sortes de genres afro-américano-cubano-brésiliens s’imbriquent à la perfection. J’ai un gros faible pour le très nonchalant "Castill Battle", qui sonne comme une B.O. de blaxploitation, mais Paris Soul est vraiment le type d’album qu’on s’envoie d’une traite en regrettant qu’il ne soit pas un peu plus long. Longtemps introuvable ou presque, il a été réédité par Dare Dare en 1999, puis par Barclay en 2008, avec sa superbe pochette originale. Plus d’excuse, donc, pour ne pas se pencher sur ce classique obscur du groove hexagonal.
En bref : l’un des meilleurs disques latin-funk jamais enregistré par des Français.
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Ben & The Platano Group - Castill Battle.mp3