Depuis quelques mois, l’autopublication fait de plus en plus la une des médias. Si l’on se penche sur les médias d’ailleurs, il y a souvent un seul nom français qui circule. Aux yeux du grand public, cet auteur peut paraître être le seul ayant réussi à vendre plusieurs milliers de livres.
Ce n’est pas le cas, mais cela montre bien que les médias ne s’intéressent pas vraiment au numérique, ni à l’autopublication : ressassant sans cesse le même sujet (et le même livre d’ailleurs).
Je ne me leurre pas du tout sur le fait que les médias se passent son numéro de téléphone : ils ont trouvé un « bon client » sympa, télégénique, la caricature du mythe de l’auteur autoédité moderne comme ils l’imaginent (sans vision offensante pour ce dernier : être un personnage public, c’est aussi jouer un rôle et il n’est sans doute pas dans la vie réelle comme il est présenté dans les médias et leurs lunettes filtrantes)
Au fond, c’est beaucoup plus simple que d’aller chercher ailleurs.
En privé, mes amis se moquent de moi (et je ris avec eux parce que c’est une blague de répétition entre nous
Loin de moi l’idée d’être jalouse, une telle couverture médiatique est certes une bénédiction, mais peut aussi être un enfer : car il est enfermé dans une image qui pourrait à l’avenir (et peut-être déjà maintenant) lui être préjudiciable en tant qu’auteur. On parle plus de lui que de ses livres.
Mais j’en viens au fond du sujet : il n’est pas le seul et pourtant on ne parle que de lui.
La chose qui m’a fait sursauté est un article de 20minutes.fr qui annonçait qu’entre Octobre est Février, trois livres autopubliés étaient dans le haut du top Amazon, annonçant fièrement que deux d’entre eux étaient publiés par cet auteur masculin… Le troisième était le mien et mon nom ne fut pas cité.
Je ne compare pas la qualité (je n’ai pas lu les siens), je compare juste qu’il ne coûtait rien à cette journaliste (une femme) de donner mon nom également ou le titre de ces trois livres (histoire d’agrémenter son billet de « faits tangibles » et non de faire juste un énième billet sans intérêt sur l’autopublication numérique… mais nous sommes dans 20minutes donc dans des articles plus courts que des dépêches AFP)
Cet auteur (dont je ne cite pas le nom, non pas pour ne pas lui faire de pub, mais parce que j’ignore s’il accepte que je parle de lui – il n’aime pas trop les polémiques autour de son nom) n’est plus le seul, on parle régulièrement d’autres auteurs autopubliés… et là, je m’interroge VRAIMENT : il s’agit toujours d’auteurs masculins (avec parfois des succès presque ridicules : j’ai lu une fois un « 300 livres en quelques mois » qui est certes un beau succès numérique, mais loin des chiffres les plus mirobolants des « top auteurs »)
La question se pose régulièrement en ce moment un peu partout : la parité hommes/femmes réelle (le décompte basique qui a l’avantage d’être beaucoup plus parlant que de beaux discours). Les journalistes vont chercher des auteurs dans le bas des tops 100 des libraires en ligne (et à l’époque où les sujets ont commencé à fleurir, mon livre était encore en haut du classement…) mais toujours des auteurs masculins…
Y aurait-il là dessous du sexisme ? Parce que les auteurs féminins autopubliées, ce n’est pas cela qui manque !
(je tiens cependant à faire remarquer que j’ai été citée par quelques sites d’actualités littéraires en ligne, mais ça reste dans la sphère internet et ne concerne pas « les médias grand public »)