Quand une psychologue est envoyée par l’Education Nationale dans une école maternelle sans histoire pour prendre soin d’une équipe pédagogique qui n’a rien demandé, les séances de thérapie professionnelle dans la salle des profs vont très vite bifurquer vers une exploration des petites névroses personnelles des trois enseignants concernés, légèrement barrés mais finalement profondément touchants et humains.
Cette modeste comédie aurait pu être très réussie. Elle se révèle simplement gentillette. En cause, d’abord, une écriture un peu expédiée qui manque de folie et ne va pas tout à fait au bout de situations par ailleurs bien trouvées. Mais l’idée est originale, séduisante. Fabienne Galula, l'auteur, nous dépeint avec beaucoup d’humour et de bienveillance le corps enseignant de la petite enfance, évoluant au milieu des gommettes, doudous et autres spectacles de fin d’année. Les personnages sont dessinés avec précision. Une directrice autoritaire, menant son équipe à la baguette, dont la vie privée se résume presque à s’occuper de sa vieille mère et de son chien, un enseignant rêveur et ultra timide, aspirant écrivain, un autre séducteur du dimanche. Une psychologue, enfin, qui n’a visiblement pas mené à terme son analyse… Une galerie réjouissante.
Une interprétation véritablement perfectible s’avère le second point faible du spectacle. Indéniablement, la volonté de bien faire est là, les intentions vont plutôt dans le bon sens, mais Ludivine Chastenet, Pauline Guimard, Christophe Corsand, et Fabrice Feltzinger, en dehors de quelques accès de drôlerie savoureux, délivrent, sous la direction de Jean-Philippe Azema, un jeu qui manque trop souvent de sincérité et de technique (attention, distribution tournante !). Aussi peinent-ils à nous faire oublier les défauts de leur partition. Et inversement. Dommage.
Reste que cette « Maîtresse en maillot de bain », donnée tout l’été au Théâtre Michel, parvint à nous divertir aimablement, sans jamais tomber dans le vulgaire ou le facile. Elle nous valut même un ou deux éclats de rire. La salle, probablement pleine de collègues des personnages présents sur le plateau, réagit au quart de tour et ne bouda pas son plaisir.
Alors pourquoi ne pas en faire de même ?