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Kaléidoscope, un éditeur dont chaque livre est une surprise
Publié le 08 juin 2012 par A Bride Abattue @abrideabattueC'est suffisamment rare pour qu'on le souligne. Si Kaléidoscope est diffusé par l'Ecole des loisirs (dont on pense à tort qu'elle est le titre d'une de leurs collections) c'est une maison indépendante sur le plan éditorial.
Elle a été créée en 1989 par Isabel Finkenstaedt, qui propose autant de créations que de co-éditions, surtout avec des anglo-saxons, en raison probablement de son origine américaine.
Elle a travaillé chez Flammarion et entretient de solides amitiés de longue date avec des auteurs comme David Mc Kee dont le fameux éléphant bariolé Elmer a fêté ses 40 ans il y a 4 ans, ou avec Anthony Browne, dont l'animal fétiche est un gorille.
Kaléidoscope a consacré un livre entier à cet auteur-illustrateur. Intitulé Déclinaisons du jeu des formes, cet ouvrage retrace l'oeuvre et le parcours de ce grand artiste qui obtint le prix Hans Christian Andersen en 2000.
La maison a une politique de fond, réimprimant régulièrement des titres appartenant à son patrimoine comme des ouvrages de Tana Hoban, de Geoffroy de Pennart, de Martin Wadell, d'Ed Emberley ou Emil Gravett. Elle ajoute régulièrement des rééditions de livres empruntés à d'autres éditeurs, comme celle de John Burningham avec Le panier de Stéphane dont la première édition date de 1980, chez Flammarion.
Kaléidoscope favorise aussi les nouveaux talents. Christine Naumann-Villemin appartient désormais aux classiques. Son premier livre, La tétine de Nina, est arrivé par courrier. L'espiègle Nina est désormais très présente dans le catalogue qui compte près de 350 titres, dont une trentaine de nouveaux chaque année.
Ni format récurrent, ni collection chez Kaléidoscope dont le principal critère de sélection est la capacité d'un ouvrage à transmettre des émotions aux enfants, pour les accompagner dans leurs apprentissages. Il est tout autant important que le livre touche aussi l'enfant de 5-6 ans qui est resté en chacun de nous. Chaque page doit être une surprise.
Cherche figurants de Michaël Escoffier est une invitation au second degré qui se termine en clin d'oeil avec une photo de l'auteur. C'est lui, et vraiment lui, qui a pris la pose. L'humour est une des composantes de la maison. Au cochon d'Emile de Stéphanie Henrich en est un exemple récent, situé dans une ambiance années 50. Le même auteur signe aussi Ah Varsovie et Chasse au gorille. Sauf si de Jim Averbreck est de nature à stimuler l'imagination des jeunes lecteurs, sous un angle plus conceptuel.
Certains livres se savourent comme des comptines. Par exemple Un gars, de Laura Vaccaro Seeger. On serait tenté d'en mettre d'autres en parallèle avec des films. La petite fille du tableau de Magdalena Guirao Julien fait penser au film de Jean-François Laguionie, le Tableau, sorti sur le grand écran en novembre 2011.
Dans un autre registre, Qu'est-ce que tu vois ? de Stéphane Sénégas fait appel à la sensibilité, citant Flaubert : "Pour qu'une chose soit intéressante, il suffit de la regarder longuement".
Chaque livre proposé par Kaléidoscope mérite d'être longuement regardé. Comme les Six hommes de David Mc Kee, publié pour la première fois en France à l'automne dernier. Cet artiste y souligne l'absurdité de la guerre d'un trait fin mais net.
Éditions Kaléidoscope, 11, rue de Sèvres, 75006 ParisTél. 01 45 44 07 08, Fax.01 45 44 53 [email protected] de la maison : http://www.editions-kaleidoscope.com/intro.html