Tandis que débute le tout neuf Champs-Elysées Film Festival hier avec en soirée au Gaumont-Marignan un hommage à Harvey Weinstein et la projection du film "The Sapphires", que j'ai eu l'occasion de voir au dernier festival de Cannes, où il était présenté en sélection officielle, hors compétion, craquant biopic d'un groupe de de saoul music formé par quatre jeunes filles aborigènes dans les années 60, je prends le chemin d'un autre film au cinéma Publicis : en compétition celui-ci dans la section films indépendants américains qui fait pas mal penser à ceux présentés au festival du cinéma américain de Deauville, eux-même en provenance de Sundance la plupart du temps. "Peace, love et misunderstanding" ne révolutionnera pas pour autant le paysage cinématographique US...
Pitch.
Une avocate de NY, à qui son mari annonce subitement qu'il veut divorcer, emmène ses deux enfants en visite à Woodstock chez sa mère, hippie nostalgique, qu'elle n'a pas vue depuis 20 ans.
Il est toujours aussi beau! Kyle McLachlan dans le rôle du mari qui annonce brutalement à sa femme, Diane, qu'il veut divorcer. Avocate à Manhattan, Diane (Catherine Keener) est du genre coincé, on comprendra ensuite pourquoi... Elle décide d'emmener ses enfants faire la connaissance de leur grand-mère, Grace (Jane Fonda), vieille hippie nostalgique qui habite à Woodstock. Or, Diane n'a jamais revu sa mère depuis 20 ans à qui elle voue une tenace rancune de lui avoir fait supporter une enfance atypique au milieu de deals de shit et de ses multiples amants. Grace n'a pas changé, habillée comme dans les années peace and love, longs cheveux, tuniques brodées, pratiquant la poterie, la sculpture, et les incantations à la lune.
Un séjour qui va être l'occasion pour les trois transfuges de la survoltée Manhattan de lâcher prise et trouver l'amour : Zoe (Elisabeth Olsen), la fille, sera séduite par l'assistant boucher bio (Chace Crawford), on apaire là déjà le couple glamour par excellence ; Jake, le fils, apprenti cinéaste, dont le spectateur supporte les cadrages à l'écran de ses vidéos non stop (un peu lourd, tout le long du film), fera la connaissance d'une ado de son âge. Enfin, Diane aura une liaison avec un ancien amant de sa mère mais tous les hommes qui gravitent autour de Grace ne l'ont-ils pas été un jour? De Jimi Hendrix à Leonard Cohen?
L'idée d'exploiter le mythe hippie avec sa ville symbole Woodstock pour mettre en place le conflit des générations, les aînés plus libertaires que les cadets, est sympathique. Mais, comédie US oblige, on est dans le très moralement correct : Grace prêche à ses petit-enfants la marijuana (qu'elle cultive dans son sous-sol) mais les met en garde de tout ce qu'on injecte et qu'on sniffe, le sexe libre en insistant sur les préservatifs, etc... Une fois encore, l'image des communautés hippies est en angélisée et on gagnerait à lire ce que les témoins de l'époque en rapportent quand il l'osent, comme, par exemple, l'écrivain (précurseur du new journalism) Joan Didion qui a vecu en immersion avec eux à San Francisco... Quant à la pleine forme et le mental inchangé depuis 50 ans des septuagénaires formant groupe avec Jane Fonda, peinant à être convaincante dans ce rôle (où son corps parfait et musclé de gymnaste n'est pas très crédible sous les habits bariolés...), ce n'est rien de dire qu'on y croit pas une minute... Donc, il reste le casting très léché (Rosanna Arquette dans un petit rôle d'ancienne hippie) et un film gentillet, aseptisé, "qui se regarde" sans effort ni déplaisir...
D'après le producteur venu présenter le film hier au Publicis, tourné il y a deux ans, il sortirait demain aux USA et fin 2012 en France.
Cinémaniac sur la terrasse du Publicis
(photo In the Mood for cinéma)
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