Des fois, c’est dur les interviews. Encore plus quand t’es une fille et que tu vas rencontrer un chanteur docteur ès séduction
Situation numéro 1 : le chaud-lapin
Salle d’interview. Le chanteur est déjà là. Je suis un peu à la bourre. Il rigole avec son agent, il fait le beau, des clins d’œil aux filles qui passent. Il le sait qu’il est beau, il en profite. J’arrive pour l’interview. Je me rends compte que je n’aurais pas dû mettre cette robe au décolleté un peu trop échancré. Mauvaise idée, le garçon a les yeux rivés dessus. N’aurait-il jamais vu de paires de seins de sa vie ? On nous présente.
Il tend la main.
- Bonjour
Je la serre. Je dis :
- Je crois que c’est la première fois qu’on se rencontre. (mauvaise idée #2)
Il sourit, l’œil pétille. Il ne lâche pas ma main. Il jette un regard à son agent.
- La première fois, c’est toujours celle que je préfère.
Ok, le chanteur est un coureur de jupon. Je souris bêtement, et je fais mine de vouloir récupérer ma main toujours coincée dans la sienne. J’ajuste un foulard autour de mon cou pour l’obliger à détourner les yeux. L’agent sort, le sourire au coin qui veut dire « coco, c’est Noël ». La conversation s’installe. Ça parle de la couleur de la veste du chanteur. Rose. Et de la couleur de mon rouge à lèvre. Rouge. La veste, d’ailleurs grande ouverte est portée à même la peau, dévoilant un torse velu, très masculin. Il passera la main dessus plusieurs fois dessus pendant l’interview.
- La couleur de ma veste ne va pas du tout avec la couleur de ton rouge à lèvre. Par contre mes lèvres pourraient très bien aller sur les tiennes.
Ok, le chanteur est en fait un gros dragueur. Mais, le genre de dragueur du métro parisien. Un peu lourd, et un peu crade dans la technique d’approche. Il est anglais, il a la descente d’alcool facile. C’est un artiste et un mec. Inutile de dire, c’est un cliché. Des comme lui, le milieu de la musique en connaît des centaines. Et quand t’es une fille qui débarque pour l’interroger, c’est assez compliqué à gérer. N’importe quel mot est interprété et pas dans le sens que tu entendais…
Situation numéro 2 : promiscious boy
Encore un anglais. Il est élégant, la voix grave pour ne pas dire suave. Lui, il parle doucement. Vraiment très doucement. Il susurre, chuchote presque. Le but de ton interview c’est de la retranscrire après. Pour pouvoir bien dérusher, mieux vaut avoir du son…
- Ca te dérange si je rapproche le dictaphone, sinon on risque de ne pas t’entendre…
- Si tu veux, je peux me rapprocher plus près de toi.
Ok, chaud. Il s’approche. Et pour le coup, il est vraiment très près, puisque nos genoux se touchent. Et là, tu te dis « merde je n’aurais pas du dire ça ». Des fois, tu ne dis rien, c’est le chanteur qui y va tout seul.
Situation numéro 3 : le poète
Après sa sortie de scène, quelques verres d’alcool, et quatre interviews avec des hommes, je suis la première nana qui l’interroge. De manière implicite, le chanteur va te faire comprendre qu’il apprécie d’avoir sous les yeux une poitrine bien fournie. « Tu vois, je suis fan de voitures anciennes. Celles qui ont des belles carrosseries tout en rondeur… Elles ont du cachet »…Ah… Du cachet?
Situation numéro 4 : le téléphone rose
Tu te dis qu’au téléphone, tu vas être beaucoup plus tranquille. Du style à l’aise. On est loin, on ne se voit pas, il n’y a pas de numéro de charme à faire. Parfait. Et bien non. Entre deux questions, le chanteur arrive à glisser « tu as une très jolie voix au téléphone…tu dois être bien charmante ». Ca fait limite téléphone rose. Tu n’as qu’une envie c’est raccrocher pour éviter de continuer de parler et surtout ne pas t’imaginer en train de l’imaginer en train de fantasmer sur ta voix (tu suis ?)
Les artistes. Beaucoup d’entre eux, ne se le cachent pas, ils ont commencé un jour à faire de la musique pour plaire à une voire des filles. Dès lors, il y a forcément un rapport de séduction qui s’installe. Un jeu le chanteur et l’intervieweur quand c’est une fille. J’imagine que cela doit être exactement la même chose quand une chanteuse rencontre un journaliste. Un besoin de plaire constant. Un besoin de reconnaissance, et d’admiration. C’est ça, être artiste après tout.