Ben voilà, cette fabuleuse expérience de Choisis ton côté est tombée à point. Je crois qu'elle a stimulé les participants à un point fou. En tout cas, pour moi, la semaine dernière a démontré que cette façon de fonctionner était désormais possible techniquement, sans frais ou presque. Je veux parler de collaborations artistiques non pas sur des ébauches, mais sur des produits finis, par delà les mers et les montagnes, en exploitant les possibilités d'Internet.
Ça m'a chatouillé toute la semaine, un pote a eu envie de se lancer, voilà, on y va ! Coulons ces synergies dans l'or et le bronze, mes amis. Mais de quoi parle-t-il ? Eh, eh. Je lance un studio, un laboratoire, une fabrique. Pas certain du nom encore. Ma petite officine sera connectée aux vôtres de toutes les manières possibles. Immédiatement, je peux envisager d'évidentes mains tendues. Un petit groupe enregistre quelques morceaux chez moi, mais il nous manque des percussions. Quelqu'un du réseau lève la main, propose trois mesures, ça nous plaît, il enregistre, il envoie, on intègre, on lui poste un chèque ou on le paypal, et hop.* Idem pour les mots, les images, les clips, les graphismes, les contenus web, la programmation, la danse, l'éclairage, la conception, le design, des relectures, des idées, des remixes, des emprunts, des locations, des retours, des renvois… Seule l'imagination nous restreint. J'imagine, chais pas, une sorte de woofing artistique, quelqu'un a envie de proposer une résidence dans tel ou tel de nos laboratoires en échange de la piaule et de la nourriture, période pendant laquelle il ou elle assiste les techniciens, décore l'un des plateaux, fait la tambouille pour l'équipe, ou fait les courses, que sais-je ?! Ne sentez-vous pas la puissance potentielle d'un tel réseau ?!
Alors, c'est parti. Le Collectif contre la dictature a déjà démontré son efficacité, même si de nombreux membres n'ont même pas eu le temps d'accorder leur banjo que le morceau était mixé. Les prochaines fois, on aura plus de temps. Dans certains cas, nous avons l'éternité.
J'ai presque tout ce qu'y faut au plan technique. Il manque quelques trucs essentiels, dont on peut se passer dans l'urgence, mais pas à long terme. Si certaines ou certains ont envie d'investir (équipement, meubles, espaces, liquide, participations à court ou long terme), j'ai des propositions d'affaires claires et simples à leur proposer. Si des mécènes se manifestent, ils seront bénis, embrassées, glorifiés en bonne place (sauf les timides et les modestes).
Voilà, dans les prochaines semaines j'irai présenter le projet aux divers studios d'enregistrement de la région. En bref, je vais leur offrir des « sessions », c'est-à-dire des coups de main ponctuels dans tous les domaines dans lesquels notre réseau brille.
Alors, amies, amis, on le fait ?
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*Les aspects concrets ne feront jamais l'objet d'un flou chiant et malaisé. Je les aborderai ailleurs en profondeur, mais je crois être arrivé à de chouettes concepts de côté-là. Grosso modo, ça se divise en deux parties principales, dotées chacune de 100 points, la conception (paroles et musique 50/50 dans le cas d'une chanson - c'est ainsi que le droit d'auteur est articulé au plan légal) et la réalisation (100 points divisés entre prise de son, musiciens, clippeurs, webmestres, chanteurs, blablabla). Dans le cas de la conception, il n'y a pas à mon sens de « by-out » possible, du moins pas au plan moral. Ce terme horrible représente l'action d'acheter pour un prix forfaitaire les royautés d'un participant. Ça a donné des trucs fous dans l'histoire de la musique, comme ce bluesman qui aurait vendu Louie-Louie pour 50$ (ou était-ce les concertos brandebourgeois ?). Dans le cas de la réalisation c'est pratique commune, ne serait-ce que parce que beaucoup de techniciens refusent catégoriquement les points. Quitte à crever de regrets l'année suivante lorsqu'ils constatent que leur 75€ aurait pu devenir un demi-million.
© Éric McComber