Cette nouvelle classe d'antirétroviraux (ARV) traitant l'infection à VIH, vise le récepteur CCR5 du VIH, que le virus utilise pour pénétrer et infecter les cellules hôtes. Alors que l'expression de ce récepteur CCR5 avait toujours été associée aux cellules inflammatoires dans le système immunitaire, ces chercheurs montrent que CCR5 s'exprime aussi dans les cellules cancéreuses du sein, et régule leur propagation à d'autres tissus.
En bloquant le récepteur CCR5 avec les antagonistes maraviroc (Celsentri) et vicriviroc, deux médicaments qui ralentissent la propagation du VIH en ciblant le récepteur CCR5, les chercheurs sont parvenus, in vitro, sur 2.254 échantillons de patients et in vivo, sur la souris, à empêcher la migration et la propagation de cellules cancéreuses du sein. Les souris traitées montrent plus de 90% de réduction du nombre et de la taille des métastases par rapport aux souris non traitées.
Des résultats spectaculaires, commente le Pr Richard Pestell, directeur du Jefferson Kimmel Cancer Center, président du Département de biologie du cancer à l'Université Thomas Jefferson, et auteur principal de l'étude. «Notre équipe montre que CCR5 joue un rôle clé dans la propagation du cancer, et qu'un antagoniste de CCR5 peut ralentir l'invasion des cellules basales du cancer du sein ». Ces inhibiteurs de CCR5 pourraient devenir à terme une thérapie adjuvante viable pour réduire le risque de métastases dans la tumeur du sein basale.
Des implications pour plusieurs types de cancers : Les tumeurs basales qui n'expriment pas les récepteurs d'androgène, d'œstrogène ou HER-2, sont généralement associées à des métastases et ne répondent souvent pas aux thérapies hormonales. Leurs traitements actuels incluent la chimiothérapie, la radiothérapie et la chirurgie, mais aboutissent fréquemment à des résultats médiocres. L'analyse révèle justement une surexpression de CCR5 chez les patientes atteintes des sous-types tumeurs basales et HER-2. Ces résultats pourraient également avoir des implications pour d'autres cancers où CCR5 favorise les métastases, tels que les cancers de la prostate et de l'estomac.
Source: Cancer Research 3917.2011; Published OnlineFirst May 25, 2012; doi:10.1158/0008-5472.CAN-11-3917 “CCR5 antagonist blocks metastasis of basal breast cancer cells” et via Eurekalert (AAAS) HIV drug may slow down metastatic breast cancer, say researchers at Jefferson's Kimmel Cancer Center (Vignette VIH CDC, visual INIST)