François Araujo a passé son enfance au beau milieu de vergers, à côté de Bourges. Bien que n'étant pas né dans une famille d'agriculteurs, les pommiers et les champs alentour ont rapidement défini son terrain de jeu de prédilection.
Le prêt d'un terrain
Aujourd'hui, François a voulu faire un retour aux sources. « J'ai envie de me lancer dans la production de plants de légumes, d'herbes aromatiques et de tisanes, explique-t-il. Il y a une cohérence dans cette production car les plants non vendus seront plantés et produiront alors des légumes. » Pour le moment, Assa-i, comme il préfère qu'on le surnomme, travaille « en couveuse », selon sa propre expression.
En clair, il s'agit d'une pépinière d'entreprises agricoles inscrite dans une démarche d'installation progressive, la SAS Graines (voir encadré). Le principe en est simple. François Araujo ne possède aucune terre. Un propriétaire lui prête un terrain de 7 000 m2 à Baurech, selon un contrat de prêt à usage gratuit. « Sans prendre de risques, je peux tester en conditions réelles le métier d'agriculteur, dit-il, mais surtout, je suis suivi par un cabinet comptable qui valide mes comptes tous les ans, ce qui aura de la valeur pour un banquier si je me décide à m'installer. » François travaille ainsi depuis mars 2011. À 36 ans, il espère pouvoir s'installer avant ses 40 ans.
Des légumes de saison
Depuis plus d'un an, il produit « pour la soupe en hiver et pour la ratatouille en été ». L'hiver ce sont donc les poireaux, les courges et les pommes de terre, tandis qu'en été ce sont les tomates, les aubergines, les poivrons, les courgettes et les pâtissons. Sa culture est essentiellement bio, ce qui n'a pas échappé à certaines cantines militantes qu'il fournit, notamment à Bègles et à Talence. François Araujo fournit également l'épicerie solidaire de Bordeaux, rue Jules-Guesde.
Pour lui, c'est ce qu'il appelle un « débouché souple » car s'il a du produit, il est prioritaire, mais si par contre il en manque, l'épicerie solidaire se fournit ailleurs. Le jeune agriculteur se pose aussi sur de nombreux marchés, autant sur la rive gauche que sur la rive droite, où il a fidélisé une grosse clientèle.
« Mon but, ce serait de ne faire que des plantes médicinales. Je viens de terminer ma première année d'école d'herboristerie avec l'ARH (Association pour le renouveau de l'herboristerie) et il y a, je pense, de l'avenir dans ce créneau. Le métier d'herboriste est en train de renaître. »
François Araujo aurait à ses dires certainement tout abandonné depuis longtemps s'il n'avait pas été aidé et soutenu par son « parrain », Christophe Suils, agriculteur expérimenté, à qui il dit devoir beaucoup, tout comme au chef d'entreprise de Créon qui lui prête un emplacement de 20 m2 dans son entrepôt pour qu'il puisse y stocker ses légumes.
François Araujo, tél. 06 61 17 04 03
article de Chrisitan Boisson, paru le 6 juin 2012 dans Sud Ouest
http://www.sudouest.fr/2012/06/06/graine-de-paysan-734964-4720.php