Antoine est ouvrier dans une usine bientôt délocalisée au Brésil. Il vient de se séparer de son amie, une intellectuelle, professeur de lettres qui lui reproche son mutisme. A quarante ans, il retourne vivre chez ses parents très déçus de sa situation et inquiets pour son avenir. Il frôle la dépression, regrette les études qu’il n’a pas réussies, la relation ratée avec Karima qui lui manque, les enfants qu’il n’a pas eus. Il revit des épisodes de son passé, se remet en question, entre finalement à l’usine de son père, participe aux réunions syndicales mais s’y trouve vite en porte- à faux. Il regarde vivre ses parents et admire leur entente et leur sagesse, les aide sur leur stand au marché dominical, y rencontre finalement Marcel, un ami de ses parents, qui lui fera découvrir la biographie du Français, parti seul au Brésil au siècle précédent et qui fut à l’origine de l’usine où a lieu la délocalisation. Antoine décide alors d’accepter le travail proposé là-bas.
Avec Marcel, l’ancien bouquiniste, qui,malgré son grand âge, quitte tout, lui aussi, pour l’accompagner, il commence alors une vie nouvelle et un avenir tout neuf qui le transforme en le rendant heureux.
Les révolutions les plus réussies sont aussi les plus singulières et les plus intérieures. Le style est bref, fait de phrases courtes avec de nombreux retours à la ligne comme dans une poésieLe message est optimiste.
L’accent est mis sur l’espoir: même dans les situations désespérées, on peut réagir, avec un peu de rage et la volonté de tout quitter pour mieux recommencer ailleurs. Jeanne Benameur a eu l'idée de créer Antoine après avoir rencontré des ouvriers d'Arcelor-Mittal pendant près d'un an en 2006. Son histoire est ainsi très actuelle et en même temps elle s’appuie sur le passé puisqu’elle a déclaré s’être inspirée de la vie de Jean de Monlevade, parti dès le milieu du XIXe siècle développer la sidérurgie au Brésil.
Un livre agréable. Une petite musique bien gentille mais pour une histoire pareille, ça manque malgré tout de souffle. De très nombreux blogs en parlent mieux que moi et se montrent plus enthousiastes. Les insurrections singulières de Jeanne Benameur (Actes Sud, 2011,198 p)