R. Le test, c'est chaque jour. Si le numéro 14 ou 15 au monde n'est pas un test, alors je ne sais pas ce qu'est un test. Le match n'a pas été si difficile que ça. Le vrai test, pour moi, c'était avant le match, parce qu'il a joué au meilleur niveau, c'est un grand spécialiste de terre. Et puis, j'ai gagné avec un résultat confortable. Aujourd'hui, c'est un test, c'est un quart de finale, et donc de toute façon, c'est un match difficile, on joue contre l'un des meilleurs joueurs au monde, et surtout, l'un des meilleurs joueurs au monde sur cette surface.
Et bien entendu, on ne peut pas s'attendre à gagner un match facile sur un quart de finale d'un Grand Chelem à Roland Garros. C'était donc un match difficile, mais je suis passé et je suis heureux.
Q. Rafa, avez-vous regardé les matches de Djokovic et de Federer hier, et qu'en avez-vous pensé ?
R. Oui, j'ai regardé le premier, 2 sets, et le deuxième set de Federer. Ensuite, je suis rentré à l'hôtel, et à la télé, j'ai regardé le match Tsonga/ Djokovic. Sur France 2, ils n'ont pas retransmis le match de Federer !
(Rires.)
J'ai donc regardé le match Tsonga/Djokovic, qui était un très beau match à regarder.
J'ai trouvé que Tsonga a joué d'une manière fantastique. Il a manqué de chance, mais de mon point de vue, il a fait 2 erreurs sur des balles de match, des balles de match très importantes.
La première, sur le passing-shot, sur son revers. À mon avis, il a frappé au plus mauvais endroit... Sa chance était de jouer non pas sur le revers mais sur le coup droit.
Bref, c'était difficile. Il a joué, et c'est allé dans le filet.
Ce n'était vraissemblablement pas la balle qu'il fallait jouer, mais c'est le jeu, c'est le sport... Il fallait bien qu'il y ait un des 2 qui gagne. Djokovic s'est battu, il a très bien servi, a su rester concentré. Ça aurait pu être l'un ou l'autre, mais en fin de course, ça a été Novak.
Q. Une petite question sur le match de Tsonga/Djokovic. Tsonga a raté un coup droit, mais Djokovic a été très fort sur les balles de match. Avez-vous pensé à ce qui permet de réaliser un tel exploit ? Est-ce le calme, la confiance en soi ? Est-ce l'expérience ? Qu'est-ce qui permet à un joueur de sortir des coups comme ça à des moments pareils ?
R. Ça, on pourrait parler de ça pendant des heures... Mais encore une fois, c'est le feeling ! Il faut avoir du courage pour le faire à ce moment-là, mais je ne sais pas pourquoi, mais les meilleurs joueurs du monde sont capables de jouer très bien, que ce soit contre le numéro 2, le numéro 15, le numéro 30 ou le numéro 50. Alors s'il vous plaît, ne parlons pas de ce moment-là. Parce que là, sur cette balle-là, il y a eu un petit peu de chance, un petit peu de plein de choses.
C'est comme quand on parle de Djokovic à la demi-finale de l'US Open l'année dernière contre Federer : il a eu du courage de jouer cette balle, d'accord… Peut-être a-t-il eu du courage, mais peut-être était-il complètement fou...! Il y a un petit peu de chance, un petit peu de confiance, un petit peu du fait qu'il est bon... Mais aujourd'hui, on ne peut pas reparler de ce moment-là précis, parce que c'est une situation très limite, et n'importe quoi peut se produire.
Il a très bien fait, mais le premier coup droit qu'il a tapé sur le revers de Jo était pratiquement sur la ligne. Et un joueur comme Novak se crée plus de possibilités pour sauver des matches difficiles comme hier, quand il est dans une situation difficile, parce que c'est un battant. Il ramène la balle dans le court, et il met la pression constamment sur l'autre joueur. Un autre joueur contre un Tsonga aussi inspiré qu'il était hier devant son public, un Tsonga qui jouait aussi bien qu'hier, n'aurait peut-être pas pu passer ce match... D'un autre côté, c'est aussi pour ça qu'il est numéro 1 au monde.
Johnny Utah