En termes de financements politiques exotiques, on connaissait la technique du Nouveau Centre d'Hervé Morin, dont les élus de métropole sont adhérents au parti polynésien FETIA API. Ce qui lui permet d'encaisser plus d'un million d'€ par an. Le Parti radical de Jean-Louis Borloo est allé moins loin pour faire son montage, puisqu'il a eu recours à un parti écologiste quasi inconnu : Le Trèfle, situé à Marseille !
En octobre 2011, après avoir fait durer le suspense sur sa candidature à la présidentielle, Jean-Louis Borloo jetait l'éponge. La raison officielle étant que : « (...) la dynamique des centres ne s’est pas créée : ni sur le projet, ni sur les hommes (...) » Officieusement mais de façon plus crédible, nous vous expliquions comment l'UMP afin de décourager sa candidature avait décidé de suspendre son aide financière au Parti Radical.
Or, outre que cet argent était vital pour la candidature de Borloo, il l'était également pour le fonctionnement du Parti Radical, puisqu'il participait au financement de toutes les autres campagnes électorales.
Même si l'UMP a accepté après le retrait de Borloo, de débloquer au compte goutte le montant de l'aide initiale, il était clair que le Parti Radical qui cherche à exister, et à concurrencer le Nouveau Centre d'Hervé Morin, souhaitait disposer d'une autonomie financière.
L'affaire a été révélée en février dernier par Rue89 mais est passée assez inaperçue : « (...) Privés d’argent par l’UMP, Jean-Louis Borloo et le Parti radical ont passé discrètement un accord financier et électoral avec un petit parti écologiste, Le Trèfle. Ils vont ainsi récupérer 800 000 euros, à temps pour les législatives (...) »
Elle a été relancée par Le Progrès qui nous donne les détails de ce montage qui n'honore pas le système électoral et démocratique français !
« (...) L’ancien ministre de l’Environnement a donc fait affaire avec http://www.letrefle-nehna.fr/ Le Trèfle-Les Nouveaux Écologistes. Ce petit parti est issu de plusieurs formations créées par Bernard Manovelli, qui avait le premier compris l’intérêt de la loi aux législatives de 1993. Le Trèfle a maintenu la tradition, multipliant les candidatures aux législatives, jusqu’en 2007. C’est à ce titre qu’il a reçu cette année 155 222,14 €, pour être précis.
L’accord entre le Parti radical et le Trèfle est simple : les dix-neuf députés et sénateurs proches de Jean-Louis Borloo ont adhéré au Trèfle, lui ouvrant la part du financement politique octroyée en fonction du nombre de parlementaires – en l’occurrence, 802 338,73 €, aussitôt reversés au Parti radical (...) les candidats radicaux ne porteront pas l’étiquette du Parti radical, mais celle de l’Urcid (Union des radicaux, centristes, indépendants et démocrates) que dénonçait très récemment Hervé Morin dans une interview au JDD, et qui va pouvoir précise Le Progrès : (...) encaisser l’aide publique correspondant à ces législatives 2012 (...) »
Avouez qu'on est bien loin des déclarations main sur le coeur du type : « Mon seul but est d'être utile de servir mon pays ». En effet, ces montages sont détestables qu'ils soient employées par la droite, la gauche ou le centre !
C'est d'ailleurs François Bayrou, ancien ami d'Hervé Morin et de Jean-Louis Borloo qui l'exprime le mieux : « (...) On multiplie donc les pseudo-partis et les pseudo-groupements et des candidats qui n'en sont pas vraiment uniquement pour cette raison. Tout cela est anormal et il faudra le changer (...) » Parfaitement d'accord !
Reste à savoir comment le Modem financera son fonctionnement et les prochaines campagnes électorales en cas de lourde défaite aux législatives. Car, tout le monde n'a pas la chance de trouver un « trèfle » à quatre feuilles pour continuer à exister !
Crédit et copyright photo La Dépêche