Si Lauer nage en plein dans la folie vintage si bien analysée par Simon Reynolds dans Rétromania, ce n’est pas à coup de samples grillés et d’edits de classiques funk ou disco. Tous les morceaux sont de véritables compositions où il démontre des talents impressionnants de mélodiste. Les moments les plus dancefloor du disque ("Coppers", "Trainmann"…), entre gimmicks italo et claviers deep house, sont en plein dans les standards de production actuels d’autres artistes allemands comme les Hambourgeois Lovebirds, Doctor Dru ou Tensnake (justement auteur de deux remixes de "Trainmann"). Ce qui n’est pas pour me déplaire, surtout que Lauer y ajoute sa touche personnelle, une sorte de romantisme désuet, de lyrisme kitsch qui donne, paradoxalement, toute son élégance à l’album.
Indéniablement doué pour faire bouger les culs, le Francfortois s’en sort aussi très bien quand il s’agit de confectionner des midtempo lunaires ou des ballades électronica aux accents new-wave ("Sandalscene", "Frontex Slowfox"…). Il y a dans ces titres une sensibilité pop qui distingue Lauer de la plupart des musiciens de sa catégorie. Il n’est d’ailleurs pas rare de croiser des arpèges de guitare acoustique au fil de ce Phillips sans véritable faille - sauf peut-être "Miamisync", hommage un brin vulgaire à Jan Hammer. Malgré la multiplication des clins d’œil aux années 80 et la variété des tempos, qu’il s’agisse de house façon Chicago, de balearic ("70000ac") ou d’électro industrielle ("Sheldor"), la cohérence est là, servie par une grande maîtrise des outils analogiques et une rafraîchissante simplicité de la production et du propos.
En bref : sous le vernis eighties bien kitsch de ce premier album s’affirme un excellent mélodiste doublé d’un producteur habile, capable de concilier disco, électronica, house et new-wave en un tout fluide et cohérent. Idéal pour l’été qui s’annonce.
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