Un buteur, un vrai
C’est à Clausenengen FK, le club de son Kristiansund natal que le Norvégien apprend le football. Là-bas il y fait ses gammes et impressionne déjà. De 89 à 94, Olly réussit l’incroyable exploit de scorer à 115 reprises pour 109 apparitions. Soit un ratio supérieur à un but par match. Il est au-dessus du lot, c’est évident. Peu médiatisé par la faiblesse du championnat dans lequel il évoluait jusqu’alors (division 3 norvégienne), le buteur fait naturellement ses valises pour un club pro de Tippeligaen (Première division). C’est à Molde qu’il signe donc en 1994. Là encore, il se démarque en parvenant en 2ans au total de 31 buts en 42 matches. C’est en 1996 que le joueur de 26ans intéresse alors l’œil avisé de Sir Alex. Solskjaer le sait, en signant à Manchester il sera confronté à la concurrence. Ce n’est pas un problème pour lui. A moindre mesure il a réussi à s’imposer à Molde, club phare de son pays derrière Rosenborg, bien sûr. Alors il n’hésite pas et répond favorablement aux sirènes d’un club « qui ne se refuse pas », comme on dit. D’autant qu’entre-temps ses qualités de buteur hors pair lui ont permis d’intégrer l’équipe nationale de Norvège…
L’avènement annoncé d’une carrière peu commune
Il faut avouer que la marche est haute pour celui qui évolue dans son pays natal depuis toujours. Passer dans un club aussi illustre que celui de Manchester United ce n’est pas rien. Pour autant dès sa première saison Solskjaer fait des merveilles. En 97 le club est champion d’Angleterre et il y contribue largement en terminant meilleur buteur du club et 4ème de Premier League, avec 18 buts. Partenaire d’attaque d’Andy Cole pendant deux saisons, le club décide néanmoins d’enrôler Teddy Sheringham et Dwight Yorke respectivement excellents avec Tottenham et Aston Villa. Il est donc voué à cirer le banc, à finir les matches. Il ne se démonte pas et fait alors de son statut de « joker » une marque de fabrique. En effet il se révèle être un véritable atout offensif de dernier quart d’heure pour les mancuniens. Ses états de service lui vaudront les surnoms de « Supersub » et de « baby face killer » (littéralement « assassin au visage d’enfant »). En mai 99, il connaît le plus beau moment de sa carrière. C’est la finale de la Ligue des Champions. Olly est remplaçant jusqu’à la 81ème minute. Le Bayern mène alors depuis la 6ème minute et un coup franc de Basler. Dans les arrêts de jeu Sheringham égalise, on file vers les prolongations. Solskjaer se dit qu’il fera gagner les siens durant les 30min de rab… Que nenni, à la 93èmeson but de renard des surfaces entre dans l’histoire. C’était écrit. Il dira après ce match ses regrets de s’être lui-même privé de 30 minutes d’une finale de C1. Et à lui d’ajouter : « dans les vestiaires avant le match, Jimmy Ryan, un des assistants d’Alex Ferguson, m’avait dit : ‘Nous allons gagner !’ Je lui avais répondu : ‘Oui, je sais. Je vais rentrer et je vais marquer.’ » A un ami, il conseilla de regarder ce match avec une attention particulière, prétextant qu’un « truc de dingue » lui arriverait… C’était écrit. Pour lui, les mots de Sir Alex, quinze jours plus tôt lors d’une causerie y sont pour beaucoup. L’écossais motiva alors ses joueurs à coup de « si l’on y arrive pas je fais rentrer Olly, et il nous fera gagner le match ». A ce moment là les Reds
Devils n’eurent guère besoin du Supersub, partie remise. Le coup de patte qui dégouta le Bayern fît de Solskjaer une légende. « 20 LEGEND » est la banderole à son effigie qui flotte fièrement en haut de la Stretford End depuis son passage victorieux au club.
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La reconversion du fils spirituel de Fergie
En raccrochant les crampons en 2007 après 4 saisons ternies par des pépins physiques, le joueur adoré de Sir Alex s’essaye directement au métier d’entraineur. Il commence par entraîner les attaquants puis parvient très vite au poste d’entraîneur de la réserve. Il peut alors mettre en pratique son savoir acquis auprès du manager écossais, qu’il admire. En 2008 le poste de sélectionneur norvégien lui est proposé, humblement il refuse par manque d’expérience. Il ambitionne de continuer à parfaire son apprentissage à Old Trafford. En 2010 il rentre au pays et prend en main le club de Molde. Il compte y faire ses gammes. Là-bas il révolutionne tout. De la diététique jusqu’au fonctionnement organisationnel, Solskjaer n’est pas là pour chômer. Lui qui s’inspire énormément de l’humanisme de Sir Alex avec ses joueurs connaît une première saison victorieuse. Il permet au club de remporter pour la première fois de son histoire la Tippeligaen Norvégienne. Dans une interview accordée au Daily Mail, Ferguson le qualifiera de « spécial » pour avoir réussi à faire gagner un club qui n’avait jamais connu ça. Plus loin, Fergie qui pense arrêter seulement quand sa santé l’y obligera, en fait son digne héritier. Pour plusieurs raisons : il a ça dans le sang, il connaît la maison, il sait s’entourer, il sait manager et prendre les bonnes décisions. Et le dinosaure de conclure dans le tabloïd « il a beaucoup de choses pour lui ». On peut donc mettre une pièce sur Olly pour qu’un jour il assure la relève de celui qu’il prend comme modèle. Une vraie belle histoire en perspective.
Mots-clefs :foot anglais, Manchester United, Solskjaer