Bien évidemment cette réforme était inepte sur le fond. Aurions-nous de meilleurs enseignants si leur cursus n’exige que d’avoir des étudiants titulaires de diplômes Bac+5 mais sans vérification de leurs compétences à enseigner ? Ce qui n’est pas du tout la même chose. Les connaissances sont une chose mais la pédagogie - savoir les enseigner à des élèves de l’école primaire à ceux de l’ensei-gnement secondaire (du 1er cycle jusqu’à la terminale) une toute autre affaire.
D’autant que cette réforme - voulue par Xavier Darcos - précédent ministre de l’Education nationale au moins aussi calamiteux ! - supprimait précisément l’année de stage en alternance dans les Instituts universitaires de formation de maîtres (UIFM)…
Des enseignants sans nulle expérience lâchés dans la nature - féroce - des établissements scolaires dans les quartiers les plus défavorisés où, sauf exceptions remarquables, la plupart des plus anciens n’ont qu’un seul souhait : être mutés ailleurs.
Nous voilà bien loin des « classes d’application » des Ecoles normales d’instituteurs qui ne concernaient jadis que les futurs instits, devenus depuis « professeurs des écoles » qui de surcroît ne sont plus soumis ensuite comme naguère à des journées pédagogiques, contrôle continu avant la lettre..
Si le Conseil d’Etat vient de rétoquer cette réforme de la mastéri-sation c’est, comme nous l’apprend Le Monde (5 juin 2012) sur une simple question de forme - laquelle n’est jamais anodine s’agissant du contentieux administratif, surtout en une période d’alternance politique quand Vincent Peillon, nouveau ministre de l’Educ-Nat, n’a jamais caché son hostilité à cette réforme. Contrairement à ce qui se passa pendant les cinq années du quinquennat de Nicolas Sarkozy (et même depuis 2002) il ne suffira point de reprendre le même texte dans les formes administratives adéquates pour qu’il fût validé : à la trappe !
Rappelons au passage que la Cour des comptes a très sévèrement condamné le bien-fondé de la réforme de la formation des enseignants sur le plan des dépenses publiques. Ce à quoi Valérie Pécresse répondit qu’elle la maintiendrait. Plus asinienne, tu meurs !
« Vice de procédure » ! Hé ! Oui… Il s’est pris les pieds dans le tapis de ce qui ne devrait échapper à aucun étudiant en droit, juste un peu féru de droit constitutionnel et administratif (enseignés dans les deux premières années) à savoir qu’un décret d’application voire un simple arrêté doit être consigné par tous les ministres en charge du dossier. Or, le pauvre Luc Chatel - ce n’est pas pour rien que je surnomme « Bécassin » - signa tout seul et comme un grand des arrêtés qui eussent dus être contresignés par Valérie Pécresse, alors ministre responsable de l’Enseignement supérieur et donc première concernée.
C’est quand même le B.A.-BA administratif et le simple fait qu’il n’y ait eu dans son entourage - chef de cabinet ou autres conseillers - personne pour le lui signaler témoigne à l’envi du peu de sérieux de ces équipes que l’on disait pourtant aussi pléthoriques que fort grassement rémunérées.
UM/Pcapables quoi ! Nous savions tous les ministres et leurs fines équipes de branquignols doublés de gribouilles mis au service d’une seule cause : la réélection de Nicolas Sarkozy. Même cela, ils l’auront raté et nul doute que l’avenir nous apportât de nouvelles preuves de cette in/curie (d’Augias).