Parfois une gifle mortelle
dérobe soudain à nos regards
un ouvrier bruissant de feuilles tristes
Dans son sang des factures impayées
des lettres de cachet des catalogues de menaces
Dans son sang
des tentatives de suicide
quand l’heure entre chien et loup mord trop
cruellement les paupières
Parfois un cri d’épouse aux bras d’ailes de moulins
devenues enragées
signale à tous une disparition obscure
Dans ses yeux
meurent une lumière et un chant qu’elle entretenait
patiemment
avec l’humble et obstiné courage des pauvres
Parfois un tunnel de frayeur carbonique se creuse
sous l’épaule d’un homme
comme si une souffrance qui ne pardonne pas
cherchait à atteindre le coeur
Où le jour songe et dort le troupeau d’étoiles du ciel
legs de nos pères.
André LAUDE (1936-1995).
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