Printemps incertain qui ne nous donne qu’avec parcimonie les jours de soleil, et tant de gouttes, aurais-tu entendu les cris du dressing ?
Celui-ci hurle de devoir contenir encore à cette saison, des bottes de cuir épais, des manteaux, même pas de demie-saison, des gants parfois et certains jours des écharpes. Rien ne va plus, la roulette de la météo s’emballe ou reste coincée sur les masses rouges sans anticyclone, avec de belles dépressions qui vont emmener les nôtres.
Oui le soleil nous manque, grandement car à chacune de ses très rares apparitions, on se rue vers le jardin, vers le balcon, sur les terrasses pour sentir l’air, pour partager avec les autres, cette ambiance sereine, des verres de vins frais, des salades entre copines, des moments de grâce si soudain, décidés au dernier moment. Et ces rayons chauds nous donnent bien plus que la chaleur, mais des ondes, des choses et machin-choses scientifiques qui poussent en nous, donnent une énergie, une volonté et même du bonheur.
Elles, oui toutes les femmes, leurs enfants et leurs maris aussi, mais surtout elles, ces femmes nombreuses attendent la saison, piétinent en pensant aux escarpins achetés en prévision de flâneries entre collègues, en accompagnement de dîners en amoureux. Rien, aucune des robes n’est sortie, car parfois même avec un leggings, un collant en laine, le froid sévit trop avec ce vent. Alors les bretelles de dentelle, les chemisiers ou les tops en voile, rose, jaune, nude, prune ou toutes autres couleurs acidulées, les finesses pour le buste, pour envelopper les seins fiers de se montrer d’habitude au printemps, tout cela reste tapi sur une étagère, dans un sac ou une pochette. Les essayages commencent à être loin, un souvenir du passé, malgré l’amie qui rêve de voir vos nouveaux achats, de vous montrer les siens.
Adieu, mousseline verte si tendance, avec tant de variations entre le bleu et le jaune, une palette qui s’arrange avec votre slim ou votre flare, ou un simple legging léger, des talons hauts.
Adieu strings et tee-shirts au nombril libre, sur une peau bronzée si blanche actuellement.
Adieu, toute cette beauté si naturellement féminine, cette envie de respirer le printemps, de paraître ou simplement d’être plus en sobriété de couches vestimentaires.
Adieux si nombreux et répétés car la malicieuse saison a inondé de pluie nos semaines, joué avec nos nerfs durant les week-ends, changé si souvent, laissant une seule main pour compter les jours de beau temps.
Non, belle saison, nous ne sommes point fâchés, mais si les nuages sont un cocon doux vu du dessus, dans un avion, un matelas ouaté, ils se trouvent que nos dressings sont en dessous. Et plus encore que nos désirs de mode, de soieries, de volupté légère, de ravissement, ils sont encore en nous, en dedans, ne demandant qu’à sortir, à rayonner eux aussi.
Nylonement