Troublée (by Cécile)

Olivier Nord, "Face à Mona", © Olivier Nord

Ça fait une dizaine de jours que je veux vous parler d’une exposition qui se tenait à La Chambre, place d’Austerlitz mais j’ai manqué de temps et j’en suis vraiment désolée, donc je vais une fois de plus vous parler d'une expo qui vient de se finir... J'aurais pu vous parler du festival de poésie sonore auquel je compte assister la semaine prochaine, d’une exposition qui est entrain de se monter au Syndicat potentiel, de l’installation sonore de Dominique Petigand à l’Aubette ou encore de celle qui se déroule en ce moment à Stimultania, mais je le ferai une prochaine fois.

La Chambre est l’un des deux espaces associatifs strasbourgeois qui s’est spécialisé dans la photographie et là, a priori, ça devrait en être… Avec cette exposition d’Olivier Nord, La Chambre a (d)étonné et est allé là où on ne l’attendait pas, parce qu’en fait ce qu’on voyait c’était bien de la peinture, non ? Ce n’était pas le cas mais ce n’était pas complètement de la photographie non plus, il s'agissait d'une pratique que l’on peut qualifier de « borderline » ou du moins comme étant à la frontière entre deux médiums… Étonnant !

Olivier Nord, "Le Festin", 2010, © Olivier Nord

Olivier Nord réalise ses œuvres en plusieurs étapes : à l’aide d’une tablette graphique il va peindre sur son écran d’ordinateur à l’aide d’un stylet puis, plutôt que d’imprimer les images produites, il les développe comme une photographie après avoir insolé du papier photo.

Olivier Nord surfe donc entre deux techniques et réalise des photographies picturales qui se rapprochent de l’impressionnisme et du pointillisme, il déconstruit les codes de la photographie mis à mal par l’arrivée du numérique et propose quelque chose de neuf en mixant les procédés. Il dispose des petites touches de « pinceau » à travers l’écran et (re)compose ainsi une image qui est à la limite entre les mondes, à la fois réel, irréel et surréel.

L’exposition à La Chambre était aussi surprenante parce que l’espace était divisé en trois salles aux ambiances très différentes les unes des autres. Dans le premier, on était mis face à cette technique qui interroge  : qu’est-ce vraiment ? Mais il s’agit d’un espace se trouvant en lumière naturelle.

Olivier Nord, "Lueur froide", 2010, © Olivier Nord

Quand on passait les tentures noires qui nous séparaient de la deuxième salle, on était plongés dans l’obscurité et seule une petite lumière vient éclairer le centre des « tableaux » qui paraissaient étonnants : un homme accompagné d’un ours ou des loups entrain de dépecer une carcasse, une impression d’inquiétante étrangeté se dégageait de ses œuvres.

Olivier Nord, "15 Août #2", 2010, © Olivier Nord

Le passage au troisième espace était brutal pour deux raisons : il était violemment éclairé et, toujours avec cette même technique picturale, on était mis face à de grandes « toiles qui ne sont pas des toiles » représentant des corps à moitié nus à la plage. On passe d’une atmosphère intimiste à une autre brute et exhibitionniste, une exposition inattendue. La prochaine commence vendredi et mettra les photographies de Lewis Carroll à l'honneur...

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 La Chambre, 4 place d’Austerlitz à Strasbourg. www.la-chambre.org

Olivier Nord: http://www.olivier-nord.com/