Une blacklist pour la liberté de la presse
L’organisation Reporter Sans Frontières publie, lundi 3 mai 2010, à l’occasion de la journée internationale de la liberté de la presse, la liste de ses prédateurs : quarante hommes politiques, religieux, issus de milices ou d’organisations criminelles, qui “s’attaquent directement aux journalistes, qui font de la presse leur ennemi privilégié, leur bête noire“. Plusieurs prédateurs ont disparu de la liste, comme en Somalie (Mohamed Warsame Darwish, chef des services de renseignements révoqué en 2008), en Corée du nord (Kim Jong-il, décédé le 17 décembre 2011) ou en Libye (Mouammar Kadhaf, dictateur libyen tué le 20 octobre 2011, dans la région de Syrte).
RSF lance également une campagne de communication “coup de poing” utilisant les portraits de Mahmoud Ahmadinejad (Iran), Mouammar Kadhafi (Libye) et Kim Jong-il (Corée du nord).
Annonceur : Reporter Sans Frontière – 2010
Agence : Saatchi&Saatchi
Réalisation : Stephen J Shanabrook et Veronika Georgieva
Cette campagne de 2010 reste éminemment d’actualité et les enjeux sont d’autant plus forts depuis le printemps arabe. Les manifestants exigent le départ des dictateurs et l’instauration d’une démocratie. Si tous les peuples ne sont pas arrivés à leurs fins, le mouvement de protestation populaire en Tunisie a contraint le dictateur Ben Ali de quitter le pays le 14 janvier 2011. Reporter Sans Frontière, un an après, fait l’état des lieux de la profession journalistique, des médias et notamment de la presse en Tunisie.
Pour la grande majorité de la population, la liberté d’expression est une des principales victoires de la révolution. Le régime de la terreur, la guerre d’occupation médiatique, les massacres et les attaques des journalistes durent depuis trop longtemps. Cependant, les nouveaux organes de presse ont du mal à se faire une place à part entière : “Ironie de l’histoire, bien qu’une nouvelle presse fleurisse et fasse entendre de nouvelles voix et de nouvelles opinions, elle peine à tirer son épingle du jeu. Les vrais gagnants de la révolution sont les journaux qui existaient à l’époque de Zine el-Abidine Ben Ali“.
Se battre pour la liberté de la presse a été, est, et restera, une préoccupation centrale pour nos sociétés, tant que les politiques garderont à l’esprit ce fantasme : les médias manipulent, influencent et endoctrinent le peuple, les contrôler est donc la seule issue.
Rappelons qu’à ce jour et depuis le début de l’année 2012, on recense déjà 4 journalistes tués, 152 journalistes emprisonnés et 123 net-citoyens emprisonnés (Baromètre de la liberté de la presse 2012).