Changer. Change-toi toi-même, entend-on par ici, change-toi pour changer le monde entend-on par là. En ces périodes électorales et électoralistes, le peuple ainsi que l’élite rêvent chacun à leur (modeste) niveau de changement. Rêver c’est déjà bien.
Nicolas Sarkozy, annonce le 7 juin 99 à la télévision qu’il est contre la taxe Tobin, parce que “la France risquerait de se retrouver seule à la mettre en oeuvre” et que dans un monde globalisé, “nous le paierions de dizaines de milliers de chômeurs supplémentaires”. La séquence tirée d’une soirée débat avec Robert Hue est montrée dans le journal d’Arte du 09.01.12 et retransmise dans le zapping de Canal+ le 10.01.2012.
La zapping de Canal+ du 10 janvier 2012
Certes, Nicolas Sarkozy n’a à ma connaissance pas déclaré publiquement avoir changé d’opinion à ce sujet, ce qui à mon humble avis est tout à son désavantage. S’il avait admis avoir CHANGE d’avis, j’aurais vu là quelque chose de noble. Le déni avec lequel il se donne aujourd’hui corps et âme à la cause, tentant d’emporter avec lui son “couple” merkosien, ne manquera pas de lasser certains électeurs.
Cependant, j’éprouve un certain agacement de voir la façon avec laquelle le prisme médiatique peut faire preuve du même immobilisme que celui qu’il combat. Il s’est écoulé 11 années entre, ce que par provocation nous appellerons la période bleue (contre la taxe Tobin) et la période rose (pour). Pourquoi est-il impossible de se représenter qu’une personne puisse changer d’avis en 11 ans? Je ne nie pas ici qu’il puisse s’agir d’une manoeuvre électoraliste, néanmoins il paraît bien difficile de changer, pusse-t-on en avoir la volonté. Ce qui nous empêche de changer vient parfois des personnes mêmes qui appelent au changement. Sarkozy aura-t-il pensé que reconnaître qu’il a changé d’avis constituât l’aveu d’une faute, d’une erreur? L’appareil médiatique, au couperet tant affûté, se trompe en abondant dans le sens que changer d’avis implique la reconnaissance d’une faute antérieure.
Quand Picasso est passé de la période bleue à la période rose, a-t-il pensé qu’il s’était trompé avec sa période bleue? Pendant que la critique criait au génie sans juger du pourquoi de ce CHANGEMENT, combien sur la scène politique se sont fait taxer d’opportunisme pour des revirements équivalents? La comparaison s’arrête ici, là ou l’art n’a pas besoin de raisons, la politique est en crise, et le déni de Sarkozy n’en ai que plus dommage. Ça aurait pu être une agréable leçon d’humilité, quelque chose de nouveau venant de la personne, une autre source de changement si je puis dire. Mais j’accueille le changement d’avis de Sarkozy tel qu’il se présente et ne pense pas qu’à l’instar de Picasso il se soit “trompé” antérieurement. Qu’il pense rose, puisse cela lui paraître plus fun aujourd’hui!