Les gens (je ne suis pas fan de l’expression “les gens”) sont sales. Ils ne peuvent pas prendre un peu soin d’eux? Pour les autres au moins! Mince je viens de tacher ma chemise, vite je la mets au sale car elle n’est plus portable. J’en enfile une autre. Ah ça va mieux! Je remettrai l’autre quand elle sera propre parce que maintenant elle est sale vu qu’elle est tachée. Une simple tache qui fait qu’une odeur presque nauséabonde en emplit la pièce. Une tache qui dit au monde que je suis quelqu’un de sale, la même que l’on trouverait mignonne sur un enfant qui viens de gribouiller ses vêtements, de se rouler dans l’herbe ou encore de s’essuyer les mains pleines de chocolat. C’est mignon non? Mais on ne peut pas le laisser partir comme ça à l’école, que va-t-on penser de moi? C’est mignon mais je garde ça pour moi, je change vite mon enfant, mets ses affaires au sale une fois de plus et lui remets d’autres vêtements, propres cette fois-ci. Propres et pleins de lessive qui sent bon. Sentir bon, c’est sentir le propre, c’est bien connu. Pourtant le propre ne sent pas, mais le sale oui. Un peu de parfum fera donc tout aussi bien l’affaire. Mais que dit-on de moi lorsque j’emmène mon enfant à l’école, sachant que le trajet domicile-école moyen est de moins d’un kilomètre? On ne me dit rien, enfin pas en tout cas que je suis sale, sauf si ma voiture l’est. Tiens faudra que je pense à aller la laver d’ailleurs. Une voiture sale pollue plus, c’est aussi un fait reconnu. Surtout si c’est un vieux diesel et que l’arrière est noirci par la suie. Si cela ne se voit pas alors c’est bon. Avoir une voiture propre c’est être propre. Oui, Être. Me vient alors la question de savoir si ne pas se servir de sa voiture sale est propre ou sale. Afin de m’en convaincre, je formulerais l’hypothèse suivante:
sale propre
voiture à l’arrêt pollue? non non
voiture en marche pollue? oui non
Nous réussirions là une égalité mathématique avec deux variables sale/propre s’avérant pourtant au départ opposées et qui s’annuleraient par rapport au facteur pollution. Une autre égalité non moins étonnante apparaît également, celle qu’une voiture propre, donc dont la carrosserie est propre, ne pollue ni en marche ni à l’arrêt. Mais déjà je joue avec les statistiques, car c’est justement l’hypothèse plus haut, mise en évidence horizontalement, comme étant identique à la voiture sale. Ne la jouons donc pas également verticalement, c’est un peu comme si je me répétais, mais à l’insu des autres, ce qui constitue une définition de la manipulation, observe-je.
Je poursuis, mais j’espère que vous me suivez plus que vous ne me poursuivez. Vu que soit une voiture est sale, soit une voiture est propre, on peut donc en conclure, toujours d’après notre hypothèse, que toutes les voitures à l’arrêt sont propres, et “là on parle” comme disent les anglophones. Pour l’instant ça tient à peu près debout. Pourtant si je tente la réciproque, d’après le tableau ci-dessus, je suis coincé. “Si toutes les voitures à l’arrêt sont propres, alors toutes les voitures en marche sont sales”. Dans ce cas ça ne va pas car je devrais modifier mon tableau. Alors je vais devoir formuler une nouvelle hypothèse:
sale propre
voiture à l’arrêt pollue? non non
voiture en marche pollue? oui oui
Beaucoup plus dichotomique et donc moins intéressant de prime abord, c’est sûr qu’avec mon niveau rudimentaire, et je suis prétentieux, de mathématiques, soit c’est blanc, soit c’est noir. Mais bon quand on voit ce qu’une suite de 0 et de 1 peut donner… Comme une belle photo par exemple, ou encore un film, ou bien du texte (oui quand même, je vais pas me gêner), on se dit que tout est possible. Alors procédons, car il y a encore un problème de taille dans notre hypothèse, qui est la variable “pollue?”. Cette dernière, et nous l’avons peut-être déjà évoqué en filigrane, n’étant pas neutre dans le problème. Si nous décidions de dire que polluer est sale, ben oui c’est vrai, hier encore je me plaignais qu’il y avait de plus en plus de gaz à effet de serre dû à la circulation automobile? Les gaz à effet de serre, on ne va pas dire que c’est propre, ça ne se fait pas, c’est comme d’avoir une tache sur sa chemise. La dichotomie sale/propre glisserait alors sur une variable environnementale plutôt que sur une variable strictement d’ordre physique, comprenez d’apparence.
Je glisse, je glisse, effectivement. Et j’espère que vous n’êtes pas déjà tombés. Nous y sommes presque, voilà le cœur du sujet.
Pollue? Carrosserie Sale?
voiture à l’arrêt propre non non
voiture à l’arrêt sale non oui
voiture en marche propre oui non
voiture en marche sale oui oui
Pourtant si l’on considère que polluer est sale, on ne devrait pas trouver propre une voiture propre en marche, ni considérer sale une voiture sale à l’arrêt. Qu’est-ce qui est sale? On est obligé de se poser la question pour pouvoir hiérarchiser le besoin. Qu’est ce qui est le plus important pour moi? Respirer un air sain, qui permette par exemple de faire pousser des aliments sains et de me nourrir sainement? Ou bien est-ce la perception que les autres peuvent se faire au travers de mon apparence, à première vue sale ou propre? Pouvons-nous énoncer que laver sa voiture est sale? Ce qui était l’idée qui m’a poussé à écrire ce post.
D’après notre ami, ou pas, il paraîtrait que les besoins physionomiques sont plus importants que les besoins d’appartenance ou d’estime de soi, qui restent, et j’y tiens des besoins, selon lui. Maslow est un type bien, surtout dans le système éducatif français ou même dans le système finlandais récemment cité en exemple. On peut oser une critique de sa théorie pyramidale (point 3 et 3.2 page 12), et comme on le dit très justement Stéphane Haefliger, voire se poser le problème de conscience du besoin. Qui fait remonter un besoin à notre conscience? Moi je sais mais ça ne résout pas le problème, c’est notre conscience même.
Si la conscience est connectée à l’inconscient et au subconscient, alors à nous de l’entraîner pour faciliter l’échange d’information, surtout que notre conscience ne prend pas beaucoup de place dans notre cerveau. On l’estime à 10% seulement. Alors petit entraînement: je préfère respirer ou avoir une voiture propre? Ok peut-être une voiture propre parce que je respire inconsciemment. Zut, raté! Deuxième essai: je préfère respirer un air pur ou avoir une voiture propre? C’est consciemment que l’on se rend compte que l’air est impur? Non pas toujours, vu que des maladies se développent à notre insu, si nous en étions conscient, nous ne serions pas malade. Encore raté. Je préfère respirer un air ne détériorant pas ma santé ou avoir une voiture propre? Toujours pas, j’aime fumer des cigarettes, donc cela ne me pose pas de problème de respirer des fumées. Bon alors je suis perdu là. Faut faire du sport et ça ira mieux, je préfère méditer là-dessus. Oui je préfère méditer quoi. Un peu de sport sauve les apparences, un peu de méditation peut sauver beaucoup plus, comme de savoir réellement distinguer ce qui est propre de ce qui est sale par exemple.