Il a composé l'un des plus célèbres airs musicaux du monde, « Yéké Yéké », en 1987. Toujours actif à 62 ans, Mory Kanté sort un nouvel album, La Guinéenne.
Pourquoi ce titre féminin ?C'est un album qui rend hommage aux femmes, sans lesquelles le monde et la musique n'existeraient pas. Les chœurs féminins sont au centre de l'album, tout comme les femmes sont la colonne vertébrale des sociétés africaines.Vivez-vous encore beaucoup
en Guinée ?Je suis un grand voyageur. Mais j'ai passé beaucoup de temps chez moi pour construire mon complexe culturel.De quoi s'agit-il ?C'est un bâtiment avec des studios d'enregistrement, des salles de spectacle, une boîte de nuit, des restaurants, des bars, un hôtel. Plus tard, il devrait devenir un quartier entier de Conakry. C'était un de mes vieux rêves.Vous entamez une carrière d'entrepreneur immobilier ?Non. Je veux attirer des artistes d'autres pays d'Afrique de l'Ouest, des Ivoiriens, des Maliens, des Libériens… Aujourd'hui, la plupart des bons musiciens africains doivent venir en Europe pour trouver du travail. Et les gens comme moi, qui cherchent des musiciens, n'en trouvent pas en Afrique, c'est absurde.Vous avez d'ailleurs dû aller
en Norvège pour cet album…Je voulais réunir un orchestre de cuivres. Or, les bons joueurs de cuivres sont devenus rares en Afrique. J'espère que ça va changer avec mon album.Comment ça ?Je veux ouvrir des portes à la musique africaine. Il y a quelques années, j'ai popularisé la kora. Là, je voulais remettre les cuivres au goût du jour.Rassurez-nous, la kora reste votre instrument fétiche ?Bien sûr. Elle et moi, c'est une histoire d'amour. Elle a 84 ans, vous savez. Quand je voyage, elle a sa place dans l'avion.Comment réagissez-vous à l'actuel conflit politique au Mali ?Je suis à la fois inquiet et confiant. Même quand les événements m'attristent et que je perds espoir, très vite je réalise que l'Afrique a entre ses mains la solution à ses problèmes.