Hommage à Anna Politkovskaïa et « devoir de mémoire » !
Proposant des témoignages de proches de la célèbre journaliste, comme son amie Galia Ackerman, épluchant ses articles de presse et donnant la parole à des victimes du conflit Tchéchène, Igort brosse le portrait d’une femme hors du commun et d’une région de non-droit où la violence, souvent gratuite, s’abat sur des victimes innocentes. Des goulags aux opérations de nettoyages, en passant par les tortures, les viols, les fosses de détention, les arrestations arbitraires, les exécutions sommaires, le bilan dressé par l’auteur est affligeant, répugnant et révoltant. Si les images de la prise d’otages dans un théâtre de Moscou ou du massacre de l’école de Beslan sont encore fraîches dans nos mémoires, celles proposées par Igort sont encore plus cruelles, plus horribles. Des faits qui se déroulent sous le couvert d’un terrorisme tchéchène, en toute impunité, dans un pays où l’on assassine les journalistes quand ils osent se rapprocher de la vérité…
Si la plupart des témoignages sont poignants, l’auteur éprouve néanmoins un peu de mal à suivre le fil rouge de son récit et a parfois tendance à se disperser. La non-linéarité de ce récit qui multiplie les anecdotes sans se soucier de la chronologie, voire même sans véritablement situer certains méfaits, est parfois dérangeante, car elle empêche au lecteur d’avoir une vue d’ensemble.
Un récit-témoignage qui prend aux tripes…