Toulon disputera samedi sa première finale du championnat de France de rugby depuis 20 ans. A la tête du club varois, un duo de passionnés : l’omniprésent Mourad Boudjellal et le médiatique Bernard Laporte. Il y a peu de temps il était difficile d’imaginer Bernie le Fou retrouver le Stade de France…Retour sur le parcours de l’ex sélectionneur de l’équipe de France.
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Un meneur d’homme avant tout
Bernard Laporte n’a jamais été un joueur exceptionnel, il n’est jamais sorti du lot par ses qualités physiques ou rugbystiques. En revanche il s’est toujours distingué par sa capacité à diriger, à mener son 8 de devant. Ancien demi de mêlée champion de France en 1991 avec Bègles-Bordeaux, il a été au cul d’un des paquets d’avant les plus rugueux de ces 30 dernières années. Jamais sélectionné en équipe de France, il entame naturellement une carrière d’entraineur une fois celle de joueur terminée. Choisi par Max Guazzini pour faire remonter le Stade Français, il mènera le club de la troisième division au titre de champion de France en 4 ans seulement.
Pour beaucoup, Laporte c’est avant tout le sélectionneur du XV de France à la limite de la caricature. Certes le personnage peut prêter à sourire, mais on ne peut le résumer à sa marionnette des Guignols. Le jeu du XV de France version Laporte est à l’image du joueur qui l’était. Sous son mandat la défense prend le pas sur l’attaque, les grandes envolées sont mises au placard au profit d’un jeu basé sur la rigueur. Les amoureux du rugby à l’ancienne et du french flair crieront au scandale. Comme il l’avait fait avec le Stade Français (Simon, Moscato, Charvet) Laporte s’appuiera sur des joueurs charismatiques pouvant relayer son discours (Galthié, Pelous, Betsen). Le bilan de Laporte en EDF est mitigé, moins bon que ses prédécesseurs, il aura surtout laissé une trace en modifiant le jeu français et la fonction de sélectionneur.
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Les Nanards de Laporte
On ne reviendra pas sur cet épisode douteux du gouvernement Fillon. Bernard Laporte est un touche à tout : le rugby bien sur mais aussi les casinos, les campings, les restaurants…le Don Vito Corleone du bassin d’Arcachon. La justice s’attardera sur une gestion parfois douteuse de ses activités. On le sait on revient toujours à nos premiers amours, après la politique, les médias et d’autres péripéties c’est tout naturellement que Laporte est revenu au rugby. Revenu aux affaires loin du terrain fin 2010 à Bayonne pour «filer un coup de main à Alain Afflelou », Bernard tentait de faire profiter de ses réseaux. Deux mois et demi se sont écoulés et une embrouille avec le président en place est passée par là : Bernie se casse.
Ce retour manqué en entrainera un autre, dans son club de cœur : le Stade Français. Le club parisien connaissait de graves problèmes financiers et les réseaux de Bernard apparaissaient comme la solution adéquate. Planté par un sombre fond d’investissement canadien, Nanard passe pour un con et est exclus du projet de reprise du club mené par Thomas Savare.
On était beaucoup à penser que Laporte ne retrouverait jamais un club lui faisant confiance, grillé qu’il était le mec.
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Laporte à Toulon …
Fin septembre 2011, Toulon est à la peine en championnat et son entraineur Saint André va succéder à Liévremont à la tête de l’équipe de France. Mourad Boudjellal prend alors une décision qui va en surprendre plus d’un, il va appeler Laporte pour prendre la barre du club toulonnais. La question qui se pose alors : comment les deux peuvent cohabiter ? La réponse n’est pas compliquée, pour satisfaire Boudjellal il suffit de gagner. Si nous n’avons pas connu de clash durant ces 9 premiers mois de l’ère Laporte c’est car Toulon s’est installé solidement dans les 4 premiers du Top 14, et a atteint la finale du Challenge Européen. Laporte aime à croire que la terre entière en veut à Toulon et ça Mourad adore. Les deux partagent aussi l’amour des caméras et des grandes déclarations.
D’un point de vu du jeu, Laporte a mis en place ce qu’il a toujours essayé d’inculquer à ses équipes : rigueur défensive, défi physique, réalisme. Rien de très bandant comme d’hab. L’ancien ministre fait jaser mais gagne. Samedi il aura l’occasion de faire taire ses détracteurs. Le face à face Novés-Laporte vaut le détour, la rigueur contre le jeu, le rugby boom boom contre le jeu d’évitement. Bref deux mondes s’affrontent, on ne vous cache pas que les amoureux de la balle ovale ont déjà choisi leur camp.
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