J’ai rencontré Kelli Scarr un soir de septembre 2009, au Metropolis de Montréal. C’était pour un concert de Moby, de qui elle faisait la première partie, et avec lequel elle avait enregistré “Wait For Me”.
Je me souviendrai toujours de la tête que faisaient les gens des cinq premiers rangs quand elle a commencé à chanter. Certains avaient les yeux fermés, d’autres se regardaient en se demandant si tout ça était bien réel, tant nous étions tous bouleversés.
Quand elle a sorti son deuxième album “Piece”, en 2010, elle avait déjà fait le tour du monde avec Moby, recueillis bien des compliments, et participé au génial “Project Song” de NPR. Aujourd’hui, ce 5 juin, sort son troisième album “Dangling Teeth” (“Les dents pendantes”) chez Silence Breaks. Si le précédent disque était très minimaliste, dans la plus pure tradition de la folk, ce nouvel album se détache de tout ça et laisse place aux influence country de la chanteuse, originaire de Brooklyn (NY).
En ce qui concerne l’écriture du single, Kelli Scarr évoque l’influence de Pina Bausch, dont une des pièces (“Vollmond”) a été dansée à Brooklyn en 2010. Ailleurs dans l’album, on retrouve la fougue ainsi qu’une certaine festivité propre à la country, chose à laquelle la chanteuse ne nous avait pas franchement habitués. Contre toute attente, ça fonctionne parfaitement – au point de penser que le “Harvest” de Neil Young n’est peut-être pas très loin. Les deux artistes ne nagent certainement pas dans les mêmes eaux, mais on sent une jolie filiation. Avec “Dangling Teeth”, Kelli Scarr prouve qu’elle n’est pas une énième membre du Club des Folkeuses Torturées, loin de là. En même temps, on n’est pas surpris quand on l’a déjà entendue en live chanter “Wait For Me” avec Moby.
Bref. La jeune infirmière de Brooklyn a bien changé. Elle a désormais tout d’une grande. Maintenant, on espère simplement qu’elle aura les moyens de faire une tournée aux Etats-Unis, pourquoi pas en Europe, histoire d’avoir le plaisir de pouvoir l’applaudir.