Résumé: 2089. Les archéologues Elizabeth Shaw (Noomi Rapace) et Charlie Holloway (Logan Marshall-Green) découvrent un peu partout sur Terre des pictogrammes identiques, créés par des civilisations n’ayant eu aucun contact entre elles. Ces pictogrammes semblant représenter une carte stellaire, Elizabeth est persuadé qu’il s’agit d’une invitation des créateurs de l’espèce humaine. Financée par la Weyland Corporation, une expédition embarque pour un long voyage à bord du vaisseau Prometheus pour tenter de rejoindre cette mystérieuse planète, LV-223…
Dire que Prometheus était très attendu relève de l’euphémisme. Difficile en effet de ne pas piaffer d’impatience devant la perspective de voir Ridley Scott revenir à la science-fiction, et en plus pour revisiter l’univers d’Alien, bien malmené ces dernières années par les indigents Alien vs Predator. Les premières bandes-annonces du film laissaient augurer du meilleur, soit un spectacle tout à la fois visuellement impressionnant et intelligent. Au final, Prometheus tient-il toutes ses promesses?
Ridley Scott a toujours été un génie visuel, et de ce côté-là, Prometheus s’inscrit parfaitement dans sa filmographie. Dès sa scène d’ouverture, le film fait preuve d’une ampleur rare, qui sera maintenue tout du long. Que ce soient les décors naturels (les highlands écossais, l’Ile de Skye) ou les impressionnants décors de studio (la salle des « vases canopes » avec sa tête gigantesque, la salle de contrôle et sa carte stellaire), tout a une dimension incroyable. Une grande partie du plaisir du film vient donc de cette découverte d’un environnement inédit, et cependant très familier.
Un environnement familier, car malgré tous les démentis de Ridley Scott et de son équipe, Prometheus constitue bien une amorce de préquelle d’Alien. On retrouve les fameux Spacejockeys et leur étrange vaisseau, les androïdes aux motivations troubles, et on assiste ému dans le final à la naissance du premier (?) xénomorphe. Mais si les références sont nombreuses, Scott et ses scénaristes Damon Lindelof (co-créateur de Lost) et Jon Spaihts (The Darkest Hour) ont eu l’intelligence de créer un film accessible à toute personne n’ayant vu aucun épisode de la fameuse saga. Malgré tout, Prometheus s’avère parfois un peu nébuleux dans son déroulement, et à l’instar de la série créée par Lindelof, soulève beaucoup de nouvelles questions sans forcément en apporter les réponses. Pourquoi les Spacejockeys ont-ils créé les Humains? Veulent-ils les détruire et pourquoi? Comment fonctionnent ces mystérieux vases canopes et leur liquide noir? Autant de questions dont on se demande parfois si les scénaristes possèdent eux-mêmes les réponses (autre point commun avec Lost), même si au final ce manque de clarté est parfois un atout, replaçant le spectateur au même niveau que les héros. Et tant pis pour ceux qui espéraient un nouveau 2001, L’Odyssée de l’Espace, Prometheus préfère aller à l’essentiel et proposer une intrigue finalement assez simple, à l’instar du premier Alien (les humains arrivent, réveillent quelque chose qu’il ne fallait pas, et tentent d’enrayer les événements avant que cette chose ne détruise l’humanité).
L’autre point faible du film vient du déséquilibre entre le traitement des personnages. Si Michael Fassbender et Noomi Rapace se taillent la part du lion, on ne peut que regretter que les personnages d’Idris Elba et Charlize Theron ne soient pas plus développés. Le personnage incarné par cette dernière avait pourtant énormément de potentiel, et une meilleure caractérisation aurait pu emmener le film sur les rives du drame shakespearien. Cependant, ce défaut est comblé par l’excellence du casting. Noomi Rapace, à cent lieues de son personnage de Lisbeth Salander, campe une héroïne d’une fragilité déconcertante, mais qui, à l’instar de Ripley, devra apprendre à devenir combattive devant le danger. Quant à Michael Fassbender, il continue à s’imposer comme l’un des acteurs les plus talentueux de sa génération. Son personnage d’androïde en apparence sans émotions concentre à lui seule toutes les scènes les plus intéressantes du film.
Et si Prometheus s’avère souvent un peu bancal, il y a néanmoins un aspect sur lequel Ridley Scott n’a pas failli, c’est sur l’ambiance du film. Le réalisateur parvient au détour de nombreuses scènes à retrouver l’ambiance claustrophobique de son film de science-fiction séminal, notamment lorsque les personnages déambulent dans les longs couloirs sombres du vaisseau extraterrestre. Dans ces moments-là, on ne peut s’empêcher de retrouver cette délicieuse appréhension de ce qui se cache dans l’ombre et pourrait surgir à n’importe quel moment pour fonde sur les personnages. Il réussit même à retrouver la peur viscérale ressentie à l’idée d’être envahi par un corps étranger nocif, lors d’une scène d’avortement des plus traumatisantes.
Si au final Prometheus ne tient pas toutes ses promesses, s’avérant notamment assez nébuleux et bancal, il est tout de même difficile de bouder son plaisir devant un spectacle aussi impressionnant visuellement et renouant avec bonheur avec la mythologie Alien.
Note: 7.5/10
USA, Royaume-Uni, 2012
Réalisation: Ridley Scott
Scénario: Damon Lindelof, Jon Spaihts
Avec: Noomi Rapace, Michael Fassbender, Charlize Theron, Guy Pierce, Idris Elba, Logan Marshall-Green, Sean Harris, Rafe Spall