Je lis parfois, y compris chez mes amis, d'étranges appels en faveur de François Bayrou. Je rappelle pourtant que Bayrou n'a rien demandé et ne souhaite pas de désistement socialiste en sa faveur. Bayrou a de l'estime pour Hollande, c'est même une chose assez ancienne, mais il n'en partage pas le programme et il demeure donc fondamentalement dans l'opposition.
Ensuite, tous ces clins d'oeil, même venus des autorités socialistes ne changeront en rien la donne : c'est localement que tout se joue et c'est bien pour cela que Bayrou arpente sa circonscription. Bien sûr, il est sympathique de voir autant de journalistes prendre à coeur le sort de Bayrou, mais au fond, ce sont ses électeurs et lui-même qui en décideront.
La candidate socialiste ne se retirera jamais même si elle en recevait l'injonction, et cela peut se comprendre : il n'y a eu aucun accord négocié de quelque sorte que ce soit et ce serait priver les militants locaux d'une belle bataille au moment où ils entrevoient la victoire. De son côté, Bayrou ne souhaite pas d'une victoire à la Pyrrhus qui le déconsidérerait par la suite ; je pense qu'il préfère risquer d'être battu plutôt que de devoir son élection à une injonction venue du haut.
Les Socialistes l'ont bien compris. Ils ont multiplié les clins d'oeil amicaux mais ils ne peuvent pas faire plus.
Ce sont dans les 91 communes de la circonscription que se joue l'élection et nulle part ailleurs. Celles-là même que Bayrou arpente inlassablement pour faire entendre sa voix d'homme indépendant.
Je rappellerais une énième fois qu'il s'est fait le chantre des productions locales. Aucun homme politique d'envergure n'a fait ce choix avec une telle énergie et une telle persistance. Voter pour Bayrou, c'est voter pour un homme qui se battra au plus niveau pour leur maintien. On voit d'ailleurs que c'est ce qu'il ressort de son entretien avec le Président de la République juste avant d'aborder le prochain G20 : Bayrou voit au-delà du seul cas français et juge que ce sont toutes les productions locales qu'il convient de tenter de sauvegarder parce qu'elles sont partout des facteurs d'équilibre et de stabilité. Il souhaite donc que cet aspect soit abordé lors du G20. Quel regret pour moi que cela ne soit pas lui qui y assiste comme président...
J'ai appris également ce que je pressentais à vrai dire : Bayrou ne se représentera pas en 2017 à l'élection présidentielle. Il l'a fait savoir. Il se posera donc inévitablement la question de la succession et j'avoue qu'elle le fera avec acuité. Il n'existe de mon point de vue aucune autre voix originale de ce type dans la sphère politique y compris parmi les centristes.