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La Tombe des Lucioles : Nosaka Akiyuki

Par Soiwatter
Peut-être vous souvenez-vous du chef-d'œuvre du cinéma nous étant parvenu il y a quelques années de l'Empire du Soleil Levant, Le Tombeau des Lucioles - 火垂るの墓 - Hotaru no Haka, le si magnifique et terrible anime réalisé en 1988 par Isao Takahata et le Studio Ghibli (sorti en 1996 en France)?
Il est tiré d'une nouvelle semi-biographique de Nosaka, tout aussi magnifique mais tellement plus terrible... Ça faisait un petit bout de temps que je désirais la lire, mais impossible de le trouver dans les librairies parisiennes que je fréquente régulièrement. Mais dimanche, au milieu du stand des éditions Piquier, ça y est, il était là...
L'histoire:
Ce récit nous montre le cruel destin de deux enfants orphelins dans le japon à la fin de la seconde guerre mondiale. Un jeune garçon, Seita, au moment de mourir de faim, revit le moment le plus dur de sa vie : alors que sa mère vient de mourir gravement brûlée sous les bombardements américains de 1945, il est contraint d'errer avec sa petit sœur, Setsuko, et très vite leur situation se détériore inexorablement...

Mon avis :

Cette nouvelle est vraiment magnifique et terrible, et bien que je connaissais l'histoire puisque j'avais adoré l'adaptation en anime, je n'ai pas pu m'empêcher de verser une larme pour les deux jeunes enfants.
Pourtant, l'auteur se garde bien de donner un quelconque espoir au lecteur : le texte commence par la mort du grand frère, une sorte de double de l'auteur qui, dans les mêmes conditions que le jeune Seita, avait dû abandonner sa mère et laisser sa jeune sœur mourir de faim, chose dont il s'est toujours voulu.
L'écriture est assez inhabituelle pour un auteur japonnais : une prose étonnante, ample, longue, réussissant à concentrer en une seule phrase des couleurs, odeurs et dialogues, un récit très violent, très cru, mais qui trouvent ici une beauté poétique parsemé d'images quasi insoutenables. Attention pour ceux qui ont déjà vu l'anime, le livre est vraiment beaucoup plus dur, plus désespéré...
Un livre que j'ai adoré et que je conseille vivement...

Et si je n'ai pas réussi à vous faire partager mon émotion pour ce récit, en voici un extrait:
Mais déjà la faim n'était plus, la soif n'était plus, la tête pendait lourdement sur la poitrine, "Pouah, c'est dégueulasse", "P'têt ben qu'il est mort", "Quelle honte, laisser traîner ça dans la gare, alors qu'les Américains peuvent arriver d'une minute à l'autre", ses oreilles qui seules tenaient encore à la vie pouvaient distinguer toute une variété de bruits, la nuit, quand tout retournait subitement au silence : des geta résonnant dans le hall, le grondement du train passant au-dessus de sa tête, des pas s'élançant soudainement, la voix d'un petit gosse : "Mamaaan !", ou celle d'un homme, là tout près de lui, qui parle entre ses dents, le bruit des seaux d'eau déversés à toute volée par les employés de la gare, "Quel jour qu'c'est aujourd'hui ?", oui, quel jour ça pouvait-y bien être, combien d'temps qu'il était là ? dans une lueur de conscience il vit le sol en béton juste sous ses yeux, sans pour autant s'apercevoir qu'il gisait sur le côté dans une posture identique à celle qu'il avait quand il était assis, le corps plié en deux, les yeux obstinément fixés sur la fine couche de poussière qui, à la surface du sol, frémissait au rythme de sa faible respiration, et se demandant seulement "quel jour qu'y peut être, quel jour qu'c'est ?", Seita expira...

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